Un tapis de percussions latines qui, avec diverses couleurs, s’étendra jusqu’à l’autre bout du disques ; des voix habitées ; un saxophone qui n’entre, discrètement, qu’après que la musique se soit installée, sur le deuxième titre ; et une guitare électrique (alternativement Maïka Munan et Eric Lörher) qui vient bousculer et pimenter le plat : Julien Lourau part à l’assaut de la musique cubaine dans ce bel album né de sa fréquentation assidue des lieux parisiens où elle renaît aujourd’hui, dans le quartier de la Bastille. « Ma collaboration avec Sebastian Quezeda sur différents projets m’a tout naturellement conduit à participer à quelques unes de ces soirées, explique-t-il dans les notes de pochette. Sebastian, bien que chilien, tient le rôle de chanteur dans un univers très marqué par la tradition et la religion cubaine (pas celle de Fidel, l’autre !) Il est, je pense, le mieux placé pour servir de lien entre ces musiciens et un projet de rencontre avec un jazzman ». Résultat : « Rumbabierta », donc, nom du « gang » de musiciens auxquels il a décidé de se confronter (le VS du titre) pour cette aventure à la croisée du jazz et de la musique rumba, avec tout l’héritage africain que charrie celle-ci avec elle. On pense parfois aux expériences africanisantes de Steve Coleman (pas celles de The Tao of mad phat et son funk géométrique complexe, mais celles de The Sign and the seal, conçu et enregistré avec la Mystic Rythm Society et les Afro Cuba de Mantanzas, justement) : même jungle des tambours, claves et autres percussions, même jeu sur les litanies et la répétition, mais une implication différente, sans doute, du saxophone et de l’apport proprement personnel. La magie opère : on se laisse porter d’un bout à l’autre de cet album généreux et surprenant, avec son mélange étrange de mesure savante et de spirales répétitives proches de la transe.
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