Ce disque peut servir d’introduction au travail du plus dandys des Djs et ex-Underground Resistance (de Detroit), Jeff Mills. Sortis sur Axis (son propre label), quatorze morceaux représentatifs de son style tout en « locked grooves », boucles serrées et impitoyables principalement basées sur des samples qui ne laissent qu’une place réduite – mais bien réelle – aux mélodies. Du rythme, donc, répétitif, évidemment, hypnotique, forcément. Les morceaux choisis ici, plus accessibles que ceux sortis sur les compilations Waveform transmission du label berlinois Tresor, sont en conséquence moins percutants, peut-être même moins intéressants au niveau du travail sur le son. Nous sommes néanmoins en territoire purement techno comme le prouve The bells, qui possède une efficacité sans pareille. Quelques allusions aux rythmes latins sont présentes avec des titres comme Casa, Cubango ou Tango, bourrés de percussions diverses qui font souffler sur le disque le vent chaud d’un groove imparable. Essayez-le dans une fête, ça pourrait marcher (mais on ne promet rien).
Jeff Mills est surtout connu pour ses incroyables sets de Dj ultra-précis, d’une technique irréprochable et d’une élégance sans faille, choisissant ses disques au hasard du mix et les jetant à terre quand il les a utilisés. De plus, comme Stacey Pullen, il insiste sur l’importance de la spiritualité et de Dieu (parfois habilement, parfois non), héritier en cela, toutes proportions gardées, des jazzmen noirs américains des années 60 et 70. A mi-chemin du dance-floor et de l’avant-garde, de la brutalité et de la finesse, Jeff Mills est la preuve vivante qu’il y a des hommes derrière la techno la plus dure. Quelqu’un en doutait ?