Autour des années 1720, alors qu’il vivait à Coethen, sous la protection d’un prince amoureux de la musique de chambre, Jean-Sébastien Bach se détourna de l’orgue et écrivit quelques œuvres capitales tels les Concertos Brandebourgeois, des Suites pour clavecin, ou le premier livre du Clavier bien tempéré. Ainsi, les six Suites pour violoncelle seul de Bach marquent, dans leur genre, l’histoire de la musique à plus d’un titre.
Certes, il ne fut pas le premier compositeur à écrire pour cet instrument. On trouve déjà chez Grabrieli et Antoni des pièces non accompagnées par l’habituel clavecin. Toutefois, le traitement qu’il fait de l’instrument, le style qu’il impose, vont sonner le glas de la viole de gambe, autrefois si prisée.
Aujourd’hui, ces œuvres sont la pierre angulaire du répertoire de tout violoncelliste.
Mais que vient y faire un percussionniste ? il faut rappeler que Bach travailla directement avec deux violoncellistes de la cour : Bernard et Karl Linigke. Les spécificité techniques de l’œuvre la rendent-elle inaccessible à d’autres musiciens ? C’est négliger un paradoxe fondamental du génie de Bach, qui tient dans l’universalité de sa technique instrumentale. Il transcrivit lui-même de nombreuses pièces, et l’usage transforma tel concerto pour violon en concerto pour clavecin ou flûte. Ainsi, la Cinquième Suite présentée sur ce disque exista d’abord en version pour luth. Jean Geoffroy fait ici merveille. Il avait déjà abordé les redoutées sonates et partitas pour violon seul avec un aplomb et une réussite exemplaires. Les mouvements de chaque suite sont enchaînés dans des tempos parfaits. L’articulation propre à son instrument, les variétés d’attaque, créant des lignes originales, éclairent ces pièces. On ne pense plus au marimba, plus au violoncelle, mais à la fantastique beauté de ces œuvres toujours redécouvertes. On attend bien sûr les trois autres suites.