Deuxième album pour le dandy Hawksley. Après For him and the girls, un premier opus accueilli assez chaleureusement en France, Workman enchaîne avec The Delicious wolves. Workman est un bosseur, un vrai de vrai. Les amateurs connaissent d’ailleurs peut-être Hawkskley burns for Isadora, un recueil de textes illustrés (publié chez Gutter Press) où est étalée une kyrielle de passions déconcertantes pour sa muse allégorique de l’époque : Isadora. Comme pour sa première oeuvre musicale, Hawksley propose ici non seulement sa voix et ses talents de musicien, mais endosse derechef sa casquette de producteur/compositeur, et nous redonne un peu de sa sauce d’arrangeur. Le jouvenceau veut tout contrôler, de A à Z. Avec son ego surdimensionné, cet Ontarien produit aussi d’autres artistes tels que Sarah Slean (Atlantic Records) ou Tegan and Sara (signés sur le label de Neil Young, Vapor Records), mais aussi de plus petits poissons indés comme John Southworth ou Paul Mc Leod.
Difficile donc de ne pas saluer le labeur du jeune homme. Mais quand on passe à l’écoute de ce dernier opus, on bute un peu sur certains passages de guitares solos qui dérangent (Striptease est alléchant mais la guitare fait beaucoup trop de bruit pour rien). Par contre, les talents de Workman se savourent sur la ballade country Old bloody orange et le folk de No beginning no end, où sa voix de jeune loup déglingué tranche comme un rasoir érodé, et vient nous frotter doucettement l’échine. Parfois, on tombe sur des passages aériens très cabaret (notons le petit côté Freddy Mercury sur Dirty and true, un des morceaux les plus aboutis à ce jour pour le petit prince égotiste) qui attisent les tympans. Workman est très bon aussi lorsqu’il se retrouve seul face à son piano (Lethal and young), où il déverse ses cordes vocales, qui se laissent ronger par un spleen intrigant. On revient au début de l’album et on est un peu déçu par ses relents de rock star narcissique. Dommage, Workman devrait faire preuve d’un peu plus de flegme. On n’est jamais complètement satisfait avec Workman. Pas mécontent non plus. Plutôt mitigé à vrai dire. Comme sur ce Jealous of your cigarette, où l’on imagine qu’il évoque le clitoris de sa partenaire… Puis il nous remet un peu de sauce Queen, et ça marche. Workman devrait faire un album uniquement avec son piano et sa guitare (sèche). Mais oui, revoici You and me, un sublime passage folk rock, nappé de banjo discret. Un titre bien alambiqué, terriblement efficace, qui nous laisse pantois, jusqu’à ce que les guitares viennent nous saouler. Le rejeton a dû écouter les premiers Prince (Your beauty must be robbin’ off) en boucle. Tu en fais trop Hakwksley, mais on t’aime bien quand même… Pas mal de progrès et de bonnes montées délicatement placées ici (Clever not beautiful), mais peut-être trop de guitares électriques mal gérées là (You and me and the weather). Réécoutons donc What a woman à la recette épurée (une rythmique, un piano, la voix de Workman, un texte..). C’est généreux. A bientôt Hawksley, tu tiens le bon bout…