Voilà un nouvel avatar du tumultueux mariage entre jazz et électronique. C’est le trompettiste Tim Hagans qui s’y colle, avec la complicité de son producteur le saxophoniste Bob Belden. Boîtes à rythmes, samples, scratches et trompette se côtoient sur toutes les plages sans que le son semble vraiment actuel. Plus tourné vers le passé et le Miles Davis de Live/Evil à Doo Bop que vers une recherche avant-gardiste, Tim Hagans nous propose un éventail des possibilités déjà explorées dans la fusion entre jazz, rock et électronique, comme un testament musical des audaces de cette fin de siècle. On ne peut que sentir cet enthousiasme fiévreux dont on s’empare parfois volontiers, même si la drum’n’bass omniprésente n’est pas exploitée dans ses meilleures possibilités, les programmations étant trop linéaires.
Loin du disque plus timoré d’Erik Truffaz (déjà sorti sur Blue Note), Hagans n’a pas peur de nous servir une fusion un peu réchauffée -à l’instar des reprises de tubes 70’s qui pullulent sur les ondes- revisitant avec un certain succès des recettes d’antan en les mettant au goût du jour. Certes, Hagans n’est pas Miles, mais il s’efforce de le cloner, malheureusement aussi dans sa période eighties, que l’on espérait oubliée (French girl) et sa basse marcus-millerienne qui en faisait la carte de visite (Trumpet sandwich). Lorsqu’il frise l’acoustique, comme sur Love’s lullaby, il est si sirupeux qu’on en vient à prier pour l’arrivée de la cavalerie électronique. Dans l’ensemble, un album plutôt audacieux car décalé, qui ne sera pas déplaisant pour les nostalgiques des premières fusions. Tim Hagans cherche dans les vieux pots à nous refaire le gâteau aux champignons de sa grand-mère : plutôt inoffensif en ces temps extatiques.
Tim Hagans (t), Ira Coleman (b), Billy Kilson (dms), Scott Kinsey (synth, programming), Kurt Rosenwinkel (g), David Dyson (eb), Bob Belden (p, ss), DJ Smash (synth, program), DJ Kingfish (program), Matthew Backer (sounds), Kevin Hays (Fender Rhodes, el p, program)
Enregistré en mai 1998 à New York