Autant le dire tout de suite, Do the collapse est un retour gagnant pour Guided By Voices, et n’a rien à voir avec un quelconque effondrement. Désormais signés aux States par TVT Records et en Grande-Bretagne par Creation -pour les distribuer en France, le deal Creation/Sony n’étant plus d’actualité ?-, la bande de Robert Pollard s’est offert ce coup-ci Rick Ocasek (ex-Cars pour la vie) comme producteur. Il faut avouer que celui-ci est plutôt à son aise, en tout cas beaucoup plus alerte que lorsqu’il assassina les Bad Brains puis, plus près de nous, Weezer.
Bien sûr, on pourra toujours pinailler et trouver que le son de Do the Collapse est parfois un peu épais, ne rendant pas justice aux fines compositions de GBV, sous leur apparence un peu frustre. On pourra aussi argumenter des heures durant sur certaines similitudes entre Guided By Voices et R.E.M. -ah, ce grain de voix ; ah, ces intonations, tiens, cette simplicité dans les paroles, et ce mariage réussi de la guitare sèche et de l’électrique. Oui, mais ils ne sont finalement pas si nombreux que ça, ceux qui savent faire rimer rock et simplicité, mélodie et art. Guided By Voices est de ceux-là. Voilà un groupe qui n’a que rarement accepté les compromis -et encore celui-ci consistait à signer sur un gros label indépendant-, qui a senti la nécessité du renouvellement et de l’attente quand l’entente entre Robert Pollard et Tobin Sprout s’est faite moins parfaite, plutôt que de continuer à sortir à un rythme métronomique des albums pour gérer un « following » ou un début de renommée internationale.
La récompense de cette attitude, c’est aujourd’hui ce Do the collapse, littéralement bardé de pépites power pop, depuis le single qui ouvre l’album, Teenage FBI, jusqu’à Wormhole, qu’on croit apaisé, mais qui finit par lâcher les guitares, en passant par Hold on hope, sans aucun doute l’un des titres les plus magnifiques, ou Surgical focus et son intro vaguement réminiscente des Pixies -si ceux-ci avaient contrôlé leur tendance à la saccade.
Il suffit, pour apprécier GBV à sa juste mesure, d’accepter quelques règles de base assez simples : d’abord admettre que le rock -enfin, la musique- n’est pas une question de moyens mis dans le studio ou la production. Ensuite, que le rock, c’est aussi simple qu’une mélodie qui vous vrille directement le cerveau, les entrechats et autres constructions tarabiscotées n’étant que des enluminures fort superficielles. Enfin, que l’attitude n’est pas tout, et qu’on peut tout à fait préférer boire une bière avec ses potes dans le jardin en tapant le bœuf plutôt que saccager une chambre d’hôtel dont les poignées de portes valent plus que le salaire annuel de trois cadres supérieurs.
Much better Mr. Buckles, Zoo pie, Liquid indian ou bien encore Strumpet eye devraient vous convaincre aisément des vertus de la simplicité et de l’authenticité, et vous donner envie de danser la nouvelle danse pas du tout à la mode : Do the collapse nous est-il ordonné !