Huitième album de Godflesh, duo pessimiste de Birmingham (Justin Broadrick et G.C. Green), avec son lot de guitares énormes, de chant désespéré et de rythmiques de plomb. Godflesh n’a pas changé depuis 10 ans (Streetcleaner est sorti en 1989 – Mosh 15). Il est resté depuis l’un des groupes les plus intéressants d’Earache (et le moins gothique, malgré la gargouille qui orne la pochette !). Sur Us and them, seules quelques rythmiques jungle font leur apparition -sur I, me, mine (en rapport avec le Me, myself and I de De La Soul, je plaisante) ou Defiled-, comme une version diabolique et destructrice de Roni Size. Pas étonnant si on se rappelle avec quel talent ils avaient remixés Songs of love and hate (Songs of love and hate in dub) -et avec quelle vision du dub…! Godflesh est indéniablement un groupe précurseur, qui semble voué aux thèmes de l’incommunicabilité, de la solitude, de l’absurdité de la condition humaine post-industrielle, et qui les exprime avec une force et une sincérité sans égal dans le petit monde souvent ridicule de la musique industrielle. Il y a une émotion derrière les murs de guitare, les basses vrombissantes, les rythmiques caterpillar de Godflesh, qu’on serait bien en peine de trouver ailleurs. Live to lose, qui termine le disque, en est un parfait exemple. À mi-chemin entre le rock, la techno, le métal, Godflesh enfonce le clou : que les Ministry, Korn ou Marilyn Manson fassent de l’entertainment hollywoodien, c’est leur affaire. Le psychédélisme noir, lancinant, urbain, brutal, c’est chez Godflesh qu’on peut le trouver. Il faut décidément affronter le nihilisme de la chair de Dieu, ne serait-ce que parce que c’est le nihilisme le plus groovy de la planète…
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