Terra furiosa est né d’un hasard. Au départ, Giovanni Mirabassi, Gianluca Renzi (contrebasse) et Leon Parker (batterie) entrent en studio (en juin 2007, à Meudon) pour enregistrer trois titres seulement, destinés au nouveau disque du premier. Les choses se passent finalement si bien qu’ils décident de prolonger le plaisir et d’enregistrer six autres morceaux : l’album est dans la boîte, inattendu, avec sept compositions originales sur les neuf et un retour au trio pour Mirabassi après la belle escapade solo de Cantopiano, collection de chansons sur laquelle on n’avait pas tari d’éloges et qu’on continue d’écouter régulièrement avec un plaisir toujours renouvelé. Que dire de Terra furiosa qu’on n’a pas déjà dit à propos des précédents albums du pianiste, que ce soit à son propos (il n’a rien perdu de son génie de mélodiste, du lyrisme généreux et droit qui fait sa marque de fabrique, de sa virtuosité discrète, de son amour des beaux thèmes exposés sans complications, tout au service de la mélodie) ou à celui de son art du trio (l’association roule avec Renzi et Parker, qui font pour Mirabassi des partenaires aussi passionnants qu’en leur temps Daniele Mencarelli et Louis Moutin sur Architectures, son premier album, puis Gildas Boclé et Louis Moutin dans Prima o poi) ? Rien, ce qui est à la fois un compliment et, peut-être, un regret. Compliment, parce qu’on ne peut que se réjouir d’entendre à nouveau Mirabassi au niveau qu’il avait atteint dans ces précédents albums qu’on avait tant aimés, et parce qu’il y a dans Terra furiosa toutes les qualités qui nous le rendent précieux et font les beaux disques ; un regret parce qu’après l’avoir entendu dans des formations « atypiques » (le trio avec trompette et trombone dans (((Air))) puis le piano solo sur des programmes choisis dans Avanti ! et Cantopiano), on a un peu l’impression de le redécouvrir dans des habits anciens, d’autant que rien ne brise ici le bel ordonnancement classique des thèmes, que rien ne bouscule le métier parfait qui s’y donne à entendre. Non pas qu’on voudrait que Mirabassi se transforme en révolutionnaire bien sûr, mais on aurait aimé être un peu surpris, échapper à l’impression de « retour en arrière » que donne par moments l’album, pouvoir dire de lui qu’il a quelque chose de différent de ce que Mirabassi nous a donné déjà. On pourra rétorquer aussi que c’est faire la fine bouche. Mais quand on aime…
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