Gang Gang Dance est un quatuor de NYC, ami des « stars » locales (Liars, Animal Collective), comprenant Brian DeGraw, Liz Bougatsos, Josh Diamond et Tim Dewitt. Le dessinateur-illustrateur Brian DeGraw était le fondateur du groupe Cranium, membre de Ssab Songs (qui comprenait également Harmony Korine) et du groupe metal / arty Angel Blood. Tim Dewitt était de tous ces projets et jouait également avec Neil Hagerty, Cass McCombs ou White Magic ces dernières années. Josh Diamond était un autre membre de Ssab Songs et a participé à de nombreux projets rock, jazz ou experimentaux. Liz Bougatsos est connue pour ses travaux de dessinatrice et a joué avec Angel Blood ou le légendaire et provocateur groupe new-yorkais Actress. Ce deuxième album officiel introduit l’auditeur à l’univers unique, psychédélique, bizarrement foutu, de Gang Gang Dance, groupe déjà culte dans la grosse pomme.
L’album commence sur une rythmique mi tribale, mi Krautrock, des miaulements vaudous succédant à des inserts bruitistes et percussif, des bruits d’égouts et des chants d’éléphants. Puis, mélodies destructurées rappelant Animal Collective ou certains travaux ethniques d’Holger Czukay, voix indistinctes et hautes, psalmodiant sans queue ni tête, dans tous les canaux de la stéréo. Pour le grain de voix rétro, on peut évoquer Cocorosie, en beaucoup plus tordu, mais aussi les japonaiseries de Mu, sans la technicité electro de Maurice Fulton, Slapp Happy pour le côté free, ou Ariel Pink quand tout se mêle et s’entrelace en logorrhées psychédéliques. Des flûtes jouées au synthés, des coups de cymbales rythment tout ça. Sur Egowar, le son est d’abord relativement pourri, plein de petits xylo delayés, avant l’entrée d’une batterie, de marimbas en échos, et d’une basse (ou bien est-ce une flûte de pan ?), l’ensemble sonnant new-wave au final, avec vraie chanson chantée. En plein milieu, une grosse montée d’échos et de delays, avant retombée dans la mélodie lancinante. On entendra ensuite des morceaux instrumentaux et percussifs, rappelant Faust (God’s money V), d’autres chansons sans buts ni fins, enregistrées sans moyens ou sans soucis, variant choeurs plein de lyrisme, batteries un brin hip-hop, électroniques arriérées, chant lointain, chacun des titres se pliant à de bizarroïdes structures, s’arrêtant brusquement, reprenant n’importe où, n’importe comment, pourtant soucieux de cohérence. Une cohérence bien singulière mais patente.
La voix filtrée par diverses pédales de guitares, des instruments divers, éthiopiens, d’Europe de l’Est, des vieux synthés, des circuits trafiqués, forgent la musique primitive et diablement sophistiquée de Gang Gang Dance, flirtant avec le post-punk, rejouant le psychédélisme de White Noise, surfant sur la modernité électronique. Indigeste ou pleine de détails à explorer, en tout cas une curiosité.