Derrière G-MAN se cache Gez Varley, soit la moitié de LFO, ce qui en soi est une raison suffisante de s’intéresser à ce disque. Beautiful fait donc suite à l’album Gez Varley presents Tony Montana sorti en 1998 sur K7 Records et produit par Stefen Betke, alias Pole. Pas de Pole ici, mais une influence certaine de la scène allemande du type Chain Reaction, pour un disque de minimal techno peu surprenant mais très bien produit.
Onze titres parfois un peu longs, souvent un peu tous pareils, mais dont l’écoute s’avère plaisante. Si les deux premiers, Zippy et Enforcer sont quasiment identiques (même rythmique, mêmes sonorités aquatiques, mêmes breaks), le troisième (Enforcer aussi) devient plus intéressant avec quelques échos d’obédience dub. Zeno tape plus fort, restant cependant dans le même registre, tchac boum, tsssssss… Pendant six minutes. Heureusement, Starlight s’éloigne du schéma en proposant des atmosphères plus planantes rappelant le meilleur de Model 500 et s’étale sur huit minutes de tchac-boum beaucoup plus hypnotiques : tout ça tient à peu de choses. Dagz est plus mélodique, Skiz utilise une rythmique légèrement plus décalée et fait la parfaite bande-son d’un décollage en douceur. C’est ça, la minimal techno : des variations infimes d’un morceau à l’autre. L’auditeur crée l’intérêt de la chose et son utilisation. Defo est un morceau plus bête, flou et vaporeux, tandis que Fiky rappelle Riou -des bleeps froids et une voix qui assène « continue » sans cesse. Cette musique ne possède qu’un sens très limité mais s’autoréférence de façon illimitée. Retour à la virilité house avec Spik et ses charleys bruyants, à écouter très fort (comme tout le disque d’ailleurs et de préférence en plein air lors d’une rave estivale). L’album se termine par le meilleur titre, Continue, 10 minutes d’une dérive tellement proche de LFO qu’on se dit que vraiment, on n’attend qu’une chose : que le duo refasse un grand disque de la trempe de l’immortel Advance ! Bref, une magnifique et hypnotique trance, simple et puissante, seul titre du disque qui mérite de s’appeler Beautiful et qui, très discrètement, le sauve de l’oubli définitif.
Conclusion : pendant que Mark Bell travaille sur scène avec Björk, Gez Varley fait des disques de techno dans l’air du temps, ni bons, ni mauvais, juste raisonnables et cohérents. Dans un cas comme dans l’autre, ils n’égalent pas les chefs-d’œuvre de LFO. D’où l’interrogation légitime du fan : quand se remettront-ils à travailler ensemble ?