Nouvel album de James Bradell, alias Funki Porcini, après ses quelques expériences avec les Residents et SPK. Ninja Tune prouve ainsi qu’il reste le seul label capable de continuer à sortir des disques de trip-hop tout en restant crédible, ce Ultimately empty million pounds en étant la preuve flagrante. Quatorze morceaux cinématographiques, heureusement plutôt dans la lignée Quincy Jones que dans celle des Propellerheads, le tout emballé dans une pochette très soignée (c’est d’ailleurs toujours le cas avec Funki Porcini), à mi-chemin des années cinquante et des films de Blaxploitation.
Qu’est-ce qui rend ce disque si cinématographique ? Ses claviers et ses cuivres, qui rappellent tant Blue Note. Ainsi, il s’ouvre sur le Theme from Sugar Daddy, qui aurait pu figurer (ainsi que Cheasy rider) sur le génial Das ist ein groovybeat, Ja de Jake Slazenger : efficace comme le sont les meilleurs thèmes de films noirs et d’action. Le très langoureux Wilson’s Millions ressemble à du Nightmares On Wax avec des cuivres à la John Barry tandis que Rockit Soul est une bombe surf/garage/psyché entre Man Or Astro-Man et les Spotnicks : détonnant ! Reboot est une petite tranche de breakbeat de 2 minutes 30 : vite avalée, vite oubliée, suivie de 123,3,4, pleine de cuivres jazz hurleurs. Live fast est idéal pour une fin de soirée (reste-t-il du whisky ?). English country music est un magnifique collage sonore très calme sur fond de chants d’oiseaux, de bourdonnements d’insectes et d’avions qui s’envolent, apaisant comme un rêve psychédélique lors d’une sieste en plein champ. Beau et réussi. Si Butler’s groove s’était trouvé sur une des compilations Sound Gallery, on ne se serait pas posé de questions, on aurait pensé que ça date de 1972. Mais non. C’est terrible d’arriver aussi bien à faire ce style de morceaux. Même remarque pour Nothing to do, Tiers of Joy et River : James Bond ? Shaft ? Non, trop moderne. Délicat et équilibré, le mélange entre cordes, cuivres et rythmiques électroniques fonctionne de façon naturelle chez Funki Porcini. Entre Combustible Edison et Barry Adamson, un album très subtil, qui vaut le coup d’être écouté et réécouté attentivement.