Est-il nécessaire de célébrer l’anniversaire Chopin ? Déjà présent dans tous les programmes de concerts, son œuvre n’a jamais connu de purgatoire. Bien sûr, parce qu’elle est essentiellement consacrée au piano, certains mélomanes ont vainement cherché à la déconsidérer. Victime de son succès auprès du public, elle a même parfois suscité le mépris. Cependant les musiciens authentiques, quelle que soit leur époque, ne s’y sont pas trompés. Ils ont admiré au plus haut point cette œuvre novatrice. Tant d’un point de vue rythmique, harmonique, que dans ses techniques de développement, les quelques opus de son catalogue ont nourri l’inspiration de Franz Liszt, Debussy, Ravel, Messiaen, Rachmaninoff, Scriabine…
L’approche globale du coffret édité par la maison de disques Opus 111 nous permet de retrouver quelques commentaires célèbres, de Robert Schumann -« Chapeau bas, messieurs , un génie »- à André Gide. Elle nous offre surtout une approche originale, particulièrement fine, pour comprendre l’univers de Chopin, trop souvent caricaturé. Meilleur que d’autres rééditions actuelles (Duchâble chez Erato, Rubinstein chez BMG) -sans parler des grands risques financiers et artistiques-, ce coffret explore une vie, de ses origines culturelles aux influences qu’elle a léguées au jazz d’aujourd’hui.
Grâce à des interprètes inspirés, la plupart polonais, nous parcourons tous les aspects de l’œuvre de Chopin, et retrouvons ce qui l’a influencé (musiques traditionnelles), les grands programmes de concert qu’il a donné (Varsovie le 17 mars 1830, avec Janusz Olejniczak dans le second concerto), le grand répertoire (sonates, préludes, polonaises, mazurkas). Il n’y a aucun dogmatisme dans l’approche des œuvres, certaines sont jouées sur instruments anciens, d’autres sont accompagnées de poèmes et de lettres (Sonia Rykiel est George Sand). Jusqu’au dernier concert à Paris, en 1848, où les œuvres de Chopin sont mariées à ce qu’il aimait, le Bel Canto, Donizetti, Bellini, et l’autre légende : Mozart.