Le premier disque de Françoiz Breut, en 1997, totalement contrôlé par Dominique A, constituait une sorte de chef-d’œuvre de maniérisme Lithium. Ses arrangements et sa réalisation étaient les meilleurs jamais signés par A. Le répertoire commençait en revanche à trahir dangereusement son manque d’inspiration, malgré la présence d’une merveille d’intelligence : Ma colère. Ce premier essai était donc l’œuvre d’un seul homme, exécutée sobrement par un groupe homogène dans une ambiance de huis clos.
Ce deuxième disque prend le parti de l’ouverture, des auteurs variés et du luxe cinémascopique des musiques pour spaghetti western. Par « ouverture », comprendre : surtout celle du larfeuille de Labels d’accord pour régaler les violons et les cinquante mille invités. Car tous les orchestres philharmoniques des pays baltes réunis ne sauraient rédimer une partition sans panache. Pas plus que l’ensemble concaténé des groupes néo-country de la côte Ouest.
Au fil du disque le décalage grandit entre la somptuosité de la réalisation et la platitude des chansons. L’accumulation de mélodies bateau en mode mineur, des tempi engourdis, le phrasé vipérin de la Breut finissent par assommer. Les textes, banalement sinistres, sombrent parfois dans le symbolisme de pacotille (Derrière le grand filtre, L’Heure bleue), la véhémence affectée (Si tu disais) ou le réalisme complaisant (Silhouette minuscule). Et l’ennui règne sans partage au terme d’un album dont rien ne semble justifier l’existence, à part la généreuse occasion qui lui a été donnée d’être enregistré avec tant de confort.
Pour être tout à fait juste, il faut relever la contribution de Katerine avec L’Origine du monde, petit joyau de perversité totalement déplacé dans le contexte du disque. Le titre est malheureusement meurtri en son mitan par une incongrue rythmique glam qui ruine le mouvement gracieux de sa mélodie. Notons aussi que Portsmouth est une bien jolie chanson, qui figurait déjà sur le maxi L’Attirance de A. Mais ici, des couleurs nouvelles et avenantes lui ont été rendues.