There’s nothing left to lose, peut-être, mais la question que l’on pourra légitimement se poser après avoir écouté ce nouvel et troisième album des Foo Fighters, en fait la chose de Dave Grohl, c’est s’il y a encore, dans ce groupe et dans la musique qu’il offre, quelque chose à prendre pour nous, auditeurs. Dès la début, Stacked actors, on a les pires craintes sur ce que les Foo Fighters pourraient être devenus : un grosse machine à cartonner sur les radios US, faite pour tourner dans des stades remplis d’ados auxquels il suffit de fournir leur dose d’adrénaline pour les envoyer direct au Nirvana (pardon Kurt). Non, sans rire, on a beau lire et relire le press sheet joint par la maison de disques, pointer que le disque a été enregistré sans pression (pas de tournée, pas de maison de disques non plus), à la maison ; on se dit qu’il faudrait peut-être que Dave Grohl, qui a de fait tout composé ou presque sur cet album, se remette un peu de pression sur les épaules ; ça lui allait mieux, même si, au demeurant, le dernier opus du groupe, The Colour and the shape, qui datait de 97, avait déjà servi son lot de déception.
Pourtant, on a l’impression qu’il y a chez Grohl une facilité dans le songwriting, une capacité à carrosser des standards (peut-être pas le même talent qu’on trouvait à Cobain, voila c’est dit, on n’en parlera plus), mais il se dégage aussi, quasi intuitivement, la sensation que Grohl a peut-être un peu trop pensé les morceaux dans leur globalité, privilégiant le rendu final au détriment de tous les particularismes qui font qu’un morceau, un fois gravé, est un bon morceau.
Alors, des titres à la Stacked actors, There’s nothing left to lose en regorge : Breakout, Learn to fly (le premier single, avec son refrain un brin putassier, entre gros rock qui tâche et lyrisme mal déployé), Generator, Live-in skin. De ce carnage à renfort de grosse artillerie, on exclura le morceau final, M.I.A., qui sait laisser voir un peu plus de souplesse, de doigté, un peu plus de distance sans doute. Et les intonations sur le refrain font clairement penser à qui vous savez…
On retiendra également deux titres plus doux, plus calmes, Aurora et Next year, qui démontrent, finalement, que lorsque que Dave Grohl ne se fourvoie pas en voulant à tout prix caser ces guitares qui sonnent, cette basse qui déchire et ces rythmes qui tonnent, il sait pondre des chansons. Des vraies. Sensibles et tout. Un dernier mot sur la production, archi-propre bien entendu, mais qui ne rend absolument pas grâce à la finesse dont Grohl sait faire preuve. Il faut dire que Adam Kasper, l’homme derrière les manettes pour There’s nothing left to lose, a bossé pour Soundgarden, Mudhoney, Pond ou Aerosmith. Ca n’inspire pas à la tendresse.