Une samba-funk à l’image de Rio, ville de tous les mélanges, ville de tous les secrets, où les bals funks torrides des favelas en fusion saluent régulièrement le son pur et dur des écoles de samba en répétition. Un groove débordant et mondain avec une griffe très carioca, que viennent renforcer de temps à autres les samples hip hop ou rock qui sentent le vécu futuriste des grandes mégalopoles. Tradition et modernité se marient ici à merveille. Fernanda Abreu fait partie d’une nouvelle génération d’artistes brésiliens qui aspirent aux mélanges de plus en plus audacieux du son planétaire avec un fort accent de terroir (l’âme brésilienne sans doute, toujours vivante, jamais à court d’idées pour se ressourcer). Avec elle, on associe le sacré au profane, le passé au futur…
Avec des textes parfois surréalistes, qui restent cependant très ancrés dans une certaine réalité, voire dans une certaine violence, du quotidien. Amour des jeux de mots, métaphores du plaisir et de la douleur qui s’alignent telle cette phrase saisissante sur le titre Rio 40° : « ces maffias des favelas, cultures de la jeunesse, dont les mitraillettes sont aujourd’hui pourvues de cartouches informatiques et musicales ».
Un album très nerveux et très urbain, où la voix sensuelle de l’ex-reine de Blitz revisite et remixe, avec la complicité de Will Mowat (Soul II Soul), quelques uns des succès enregistrés lors de ses trois derniers albums pour notre plaisir. Et à travers lequel elle rend hommage aussi à tous ceux qui ont pu inspirer sa démarche actuelle. A ces côtés sur cette radiographie explosive relative à un parcours musical très riche et très éclaté, la diva du samba-funk de Rio a fait appel à quelques unes des meilleures signatures de la musique brésilienne aujourd’hui, de Chico Science à Carlinhos Brown, en passant par Lenine et Abujamra. Épatant.