Sheffield rises again ! Marchant sans vergogne sur les traces des aînés issus de cette ville (Cabaret Voltaire, Human League), les Fat Truckers, après une poignée de maxis confidentiels, publient enfin leur premier album. Et c’est une bonne surprise ! On pouvait redouter de subir, sous la bannière d’une nouvelle scène nord-anglaise nommée « Synthcore », une énième resucée de l’electro-pop eighties. Nos « gros routiers » ne possèdent pas seulement une maîtrise intelligente des synthétiseurs et boîtes à rythmes vintage, ils savent également écrire des chansons. On devrait plutôt parler de « Synth’n’roll » pour qualifier correctement leur musique.
La comparaison avec Suicide, Human League ou Cabaret Voltaire se fonde sur la patine sonore électronique, l’aspect faussement minimal et répétitif de leurs compositions, mais elle s’arrête là. Ecouter les Fat Truckers ne flanque pas la frousse, bien au contraire. C’est une farce crasseuse et hédoniste qui tourne en dérision les limites de la technologie et ses dérives obsessionnelles –I love computers, sarcastique hymne aux nerds, Anorexic robot, ou Fix it, unique morceau à guitares, qui fait songer à un The Fall en surchauffe.
Il est difficile de saisir la limite, si elle existe bel et bien, entre une critique sociale déguisée et un produit manufacturé de la société du spectacle, fut-il apparu dans un cercle restreint. On reparlera bientôt de cette ambiguïté lors de la sortie prochaine de Boy in da corner, l’album de Dizzee Rascal, jeune prodige de la scène UK Garage. En attendant, For sale est un disque qui devrait bien tenir le coup quand on le redécouvrira d’ici une vingtaine d’années pour le revival Synthcore. A suivre…