Extraits de Die lustige Witwe, Kismet, The Opera Ball, Song of Norway…
Lisa Della Casa (soprano), Richard Tucker (ténor)… Orchestres et chefs divers. Vous pouvez presque piocher les yeux fermés dans la collection ultra-économique Essential classics de chez Sony, il n’y a que du bon, sinon du très bon ou de la référence pour souvent moins de 70 francs, selon l’humeur de votre disquaire (promos et autres « prix verts »…). Les plus grands chefs y côtoient les plus grands solistes, dans le désordre : Szell, Serkin, Francescatti, Ormandy, j’en passe et quelques magiques phalanges (Cleveland, Philadelphia…). Que les intégristes du DDD, sourcilleux du packaging ou autres pointilleux baroqueux passent leur chemin (ou écoutent, plutôt, les Haydn de Szell, ils en redemanderont !), nous, on préfère puiser dans ce fonds de catalogue admirable plutôt que de se ruiner à quelques doublons « modernes » inutiles…
Prenez cet Essentiel de l’opérette, par exemple. 49 francs en « prix vert », justement… Pardon pour ces comptes d’apothicaire, mais rapport qualité/prix, et pour la constitution d’une discothèque de base, on ne connait pas mieux ! Imaginez donc : Della Casa, la divine, dans une Veuve d’un chic suprême, et incomparable -sinon à Schwarzkopf, mais que pour ne mieux les opposer !-, Tucker en Camille inattendu et sensationnel, et Paganini, et Le comte de Luxembourg,… et qui a dit que cette musique était vulgaire, quand elle est chantée ainsi ?
Et puis, vous auriez tort de passer à côté de ces saynètes-là, l’opérette n’a jamais été aussi furieusement tendance : de la redécouverte de La rondine (car qu’est-ce d’autre qu’une opérette de haute volée ?) au tout récent carton de Mattila et Skovhus dans La veuve de Lavelli à Garnier, sans oublier le très érudit mais néanmoins jubilatoire ouvrage de Benoît Duteurtre*… vous seriez bien les derniers à ne pas succomber aux délices kitsch d’un genre qui mérite décidément mieux que sa réputation.
*L’opérette en France, Seuil.