Deux disques live enregistrés au fur et à mesure de tournées marathon en 2003 et 2004 à travers l’Europe (ici, on entendra Lausanne, Toulon, Rosporden, Rennes et Genève), pour une confrontation entre les deux formations du trompettiste français : d’un côté le quartet avec lequel il a commis, notamment, The Dawn, et qui l’a propulsé aux sommets de la notoriété (Marc Erbetta, batterie ; Marcello Giuliani, basse ; Patrick Muller, piano), de l’autre le groupe Ladyland, auquel on doit son récent (et décevant) Saloua (avec Manu Codjia, guitare ; Michel Benita, basse ; Philippe Garcia, batterie). D’emblée, une certitude à l’écoute successive des deux galettes : la patte Truffaz séduit autant sur scène que dans sa conformation studio, à en juger en tous cas par l’accueil uniformément enthousiaste des publics rencontrés. Ensuite, une confirmation : si proches que soient les deux projets (dans leur intention de pousser les murs, leur souci de connexion avec d’autres musiques, leur ancrage dans les musiques électroniques, leurs influences), on retrouve la différence de jugement qu’on avait déjà pu exprimer à l’occasion de la comparaison de leurs versions initiales. D’un côté, même si l’attrait de la nouveauté a été largement éventé par la profusion étouffante de projets « electro-jazz » et l’envahissement du marché par une flopée de sous-produits imitatifs, la formule sur laquelle le quartet a fait son succès marche toujours, et offre même encore de belles perspectives d’avenir ; de l’autre, Ladyland laisse un goût plus mitigé, le recours à l’électronique donnant ici une impression de banalité et de manque d’originalité plus prononcée. La faute n’en est pas aux musiciens, on s’en doute (Codjia est lumineux ; Mounir Troudi, quoique un peu monocorde sur la longueur, envoûtant), mais à une formule pas forcément convaincante dans l’ensemble et à des compositions sans éclat (de ce point de vue, le passage sur scène est assez révélateur des défauts perçus à l’écoute de Saloua mais noyés dans les détails). Au final, restent deux heures de musique diversement convaincantes mais très agréables dans l’ensemble, qui n’apportent pas d’eau fraîche au moulin (ni à la musique de Truffaz en particulier, ni au jazz tendance électronique en général), mais raviront les fans de la première heure. Les autres peuvent soit passer leur chemin, soit en profiter pour s’offrir une séance de rattrapage s’ils ont manqué les précédents épisodes.
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