Carpark Records, affilié au Paw tracks des Animal Collective, est un joli label indé de Wahsington, tendance expérimentale pop ou électronique-a (Keith Fullerton Whitman). En voilà les trois dernières références.
Petite révélation que cet Electric Sunshine : Matthew Papich et Dustin Wong sont deux jeunes hommes-guitares de Baltimore, qui se tancent, se toisent, se répondent, jouent au ping-pong et font l’amour à coups de simples riffs électriques. Grâce à la simplicité du dispositif (deux grattes à hauts voltages et c’est marre), le duo fait preuve de trésors d’inventivité et d’énergie communicatives pour produire une musique purement instrumentale, hyper dynamique et mélodique, sèche et précise, qui prend l’auditeur par l’oreille et ne le lâche plus, en une sorte de coq à l’âne électrique ininterrompu, plein de surprise (petites touches afro, délires psychés, progressions et digressions). Rencontre (match ?) punk, erratique et extatique entre un John Fahey ado et sous amphètes (finger-picking à deux mille à l’heure) et une sorte de Mick Barr (guitariste prog-metal dans Orthrelm, Ocrilim, Octis, etc), le duo cite aussi Greg Ginn et Bruce Springsteen comme influences. Mais c’est un instant unique, où deux esprits et vingt doigts se mêlent.
Over The Atlantic, autre signature Carpark, est un duo néo-zélandais guitares-laptop qui propose avec Junica un petit road-trip (qui passe par la France, plage 6) dans la filiation Flying Nun, avec un grain de Notwist et quelques jolies mélodies érudites : la piste 4 s’intitule Kevin Shields et ressemble à du… Kevin Shields, France sonne doom, avec des guitares saturées profondes et un filet de voix, le finale Fly to the states double les voix à la Halo Benders et se finit sur un beat tout ce qu’il y a plus house (avec petits arpèges de guitares qui se finissent en grosse saturation). On pense aussi aux Magnetic Fields ou à quelques vieilleries new-wave des 80’s (Alphaville, ce genre de trucs). Reste que tout cela, sans être déshonorant, est un petit peu timide et propret.
Beach House, enfin, est un autre duo très beau (beau garcon, jolie fille), de Baltimore. Alex Scally et Victoria Legrand joue de la musique depuis l’enfance à Baltimore, Philadelphie ou en France, et se sont réunis un été pour former Beach House, duo onirique et tout étouffé : c’est-à-dire que tout est plus ou moins filtré par une grosse reverb et que tout est lent et lointain, des chansons languissantes et étalées qui évoquent Mazzy Star ou Slowdive (mais sans la satu), plus que Zombies, Brian Wilson, Neil Young, Big Star, Chris Bell, revendiqués. Faites de vieux orgues, de boites à rythmes cheap, de guitars slides, de petits accidents, il y a un côté enfantin (quelque chose de Pram dans les petites valses) et maladif (quelque chose de gothique dans la voix) dans cette musique renfermée et ce couple sonne un peu seul, seul au monde sur une plage, dans de vieux vêtements désuets. Il n’empêche, on les regarde de loin, ils sont très beaux.