Side effects est le deuxième album de Eardrum après Last light, groupe fondé par Richard Olatunde Baker et Lou Ciccotelli et basé sur un concept simple : toute leur musique s’organise autour de percussions. Rien d’étonnant lorsque l’on sait qu’ils ont chacun joué dans des groupes tels que Laïka, Ice, God ou Mass, groupes pour lesquels la rythmique jouait un rôle essentiel (sans parler de leur participation à des groupes de percussions africaines).
Plus aérien que Last light, qui, curieusement, pouvait parfois faire penser aux passages percussifs de certains morceaux de Xenakis (La Legende d’Eer, notamment), Side effects fait nettement écho aux musiques de Fela Kuti (pour les afro beats disséminés ici et là), de Miles Davis (pour les claviers free) ou Lee Perry (pour les basses profondes et les échos). Organisées autour des percussions ou effets électroniques, de multiples influences se croisent : musique improvisée (de nombreux morceaux ressemblent à des jams sessions, qui, d’un seul coup, trouvent un groove et ne le lâchent plus, comme sur Two strangers) ou musique concrète (les bruits ont la part belle)… Si Pierre Henry était africain, il aurait peut être écrit Deadbeat ou Bone room. Le travail en studio fait partie intégrante du concept et si tous les morceaux sont joués live, ils sont retravaillés ensuite pour leur donner un aspect électro-acoustique aussi inattendu que bienvenu.
La présence de Guy Fixsen (ex Moonshake et Laika et ici au moog) est logique : ces deux groupes emballaient leurs morceaux dans des grooves rappelant Can. Fixsen n’est évidemment pas le seul invité puisqu’on retrouve une armada de musiciens autour du duo central, tels Jason Yarde (J Life, Yoruba Jazz People, Manu Dibango), Folasade Barbarinde (Adzido Pan African Dance and Drum ensemble), Gary Jeff (Mass, God, Scalpel), Nii Tagoe (Adzido, Frititi, African Head Charge) ou encore Nana Tsiboe (Dade Krama, Moire Drum Orchestra, Trouble Dat) ! De quoi dégager une énergie redoutable sur scène.
Pour résumer, Eardrum est l’héritier logique de groupes comme 23 Skidoo ou African Head Charge : multi-percussions, lourdes basses, électronique, jazz, musique africaine, le mélange fonctionne, même s’il a parfois ses limites. L’album est inégal, le concept ne fonctionne pas toujours mais parfois la magie prend et ça donne Deep end, dernier morceau du disque : du pur Sun Ra ! Un régal !