Starsky & Hutch mixtape est un petit lot bien chargé, qui contient un bon condensé de morceaux exaltés. Pas de détours ici, pas de hip-hop gentillet. Du hip-hop hardcore pur sauce, de la brique east coast jetée dans vos oreilles, du son new-yorkais… Voilà donc la réédition de la mixtape de Gotty & Skill, ce qui nous donne une occasion de parler de ce type de support. Les deux djs nous présentent une bande d’excités teigneux qui ne rigolent pas vraiment. Après l’intro de rigueur (bande son de la série Starsky & Hutch, entrecoupée de voice-samples et de sirènes en tout genre), le premier à ouvrir le bal se nomme Phife Dawg. Beaucoup de gens connaissent la voix du rappeur, puisqu’il officiait autrefois aux côtés de Q-Tip sur la formation A tribe called quest. Mais ce n’est pas vraiment lui qui nous intéresse ici. Son Bend over -issu de son album solo Flawless– flotte placidement mais ne fait pas le poids face aux » lourds légers » de chez Screwball. Straight from QB, ils nous assènent la tête avec leur explicite F.AY.B.A.N. (Comprenez : « Fuck All You Bitch Ass Niggers »). Un petit riff de guitare, un beat qui remue le rachis, une ligne de basse vrombissante et les Screwball qui déversent leur flow furax. Une petite bombe. Les enchaînements de la tape sont nickels, Dj Gotty et Dj skill assurent comme des dieux. Scratches et beats écrasés par le diamant de la platine. Pas de répit, pas le temps de souffler… Ils placent à l’arrache Dj Paul Nice qui bosse son titre Definition of nice, en compagnie du vétéran A.G. (Show Biz & A.G., auteurs de Goodfellaz) et Babu, le fameux dj des Dilated Peoples (dernier album en date : Expansion team). En récapitulant le nombre de dj ici présents, on obtient donc un titre mixé par quatre djs, ce qui donne un mélange flippé atomisant. Après ça, on s’intéresse tout de suite à la très bonne collaboration Canibus vs Rakim. Collaboration qui tourne vite à la confrontation sur I’ll bust them – You punish them. Deux mcs aux voix rauques et graves qui s’accouplent à un beat puissant. Rakim est au meilleur de sa forme. Résultat : un titre rare et épais, un joyau new-yorkais, tout simplement. Ca continue avec D&D crew, qui ne faitt pas vraiment dans le détail. Ghetto like D&D s’appuie sur des rythmiques fortifiantes sur lesquelles se placent fortement des mcs tels que Agallah, Channel live, R.A., avec Alchemist à la production.
La face B démarre un peu moins fort avec une session radio de Das efx pas vraiment réussie. Par contre, on reste scotché par Off the record de Promoe, un vieux titre qui pulse des synthés hallucinants. Les lyrics de Promoe sentent l’ego trip à 100 Km à la ronde, mais on aime la rythmique qui donne le tournis et l’énergie qui se dégage du son, qui, vers la fin, se déchire de scratches aliénés. Gotty enchaîne avec Grand Agent et Dj Revolution. Toujours de la qualité, de la quantité aussi… Mais revenons donc sur les Screwball, ces chiens enragés nous apportent une nouvelle grenade avec Take it there, titre apocalyptique qu’ils vomissent en compagnie de Capone. Avec leurs cordes vocales d’american pitbulls et leurs colonnes vertébrales de staffordshire terrier, ils déversent leurs lyrics avec une frénésie et une fureur ahurissante. Aidés de quelques pianos arrangés façon Marley Marl, les Screwball crachent du feu et expliquent un peu ce qui se passe du côté de chez eux (« Nos gars se shootent pour moins d’un dollar, on a jamais rien eu on attend rien, on foutra la merde jusqu’au bout, j’ai envie d’en buter un, j’ai pas d’argent, bloqué par les murs de ma rue j’ai pas été vraiment aidé, je dors pas je crie toute les nuit »). Le même sang coule dans les veines de The Union, un posse accompagné de A.Z. et Animal, qui propose ici leurs pulsions bestiales sur Let’s live.
Dès qu’on parle de east coast hip hop, Gotty et Skill s’affichent comme une étiquette de qualité, un marque de fabrique hardcore. En 2001, la mixtape reste un des organes du hip-hop. Longue vie à la K7 audio, surtout lorsqu’il s’agit de east coast shit comme celui là!