Bien noter le symbole sur notre fragilité qui renvoie à la finitude sur la pochette de The ideal crash, dernier opus des flamands de Deus. Sur le recto, on y voit, en pleine rue, la chute d’une fille en rouge. Le boîtier une fois ouvert, la fille s’est transformée en déchet (poivron, pomme ?) écrasé. Une voiture est passée… Pourtant, c’est un beau vélo qui doit tourner dans la tête de Tom Barman. De l’album en question émane une folie, mais pas n’importe laquelle : la folie des grandeurs (Opération réussie). On notera donc l’ambition de chaque titre proposé ici, comme si Deus avait voulu synthétiser tout ce que la pop music avait donné de meilleur ces dernières décennies.
On s’attache dès lors a The ideal crash : un sentiment de familiarité retient à chaque morceau. Et chaque morceau rend encore plus indispensable l’écoute du suivant. C’est du work in progress : là, Radiohead (ne pas louper Instant street), ici, Eels (Sister Dew), et Bowie ou Swell hantent souvent les constructions complexes, en poupées russes, de chacun des titres.
Mais là où Deus impressionne, c’est qu’on reste loin du pompage intégral ou de l’inspiration frauduleuse. Barman a quelque chose à dire ; cet album apaisé est constamment déchiré par des lames (larmes ?) de fond inquiétantes. Si bien qu’on pourrait vite prendre The ideal crash pour une jolie collection de hit singles et lui reprocher son manque de cohérence. Ce serait faire fausse route, car il faut se rendre à l’évidence et se laisser happer par l’esprit, le lyrisme et le savoir-faire de Deus. Fréquemment, les morceaux s’emballent, se « décorporent », semblent échapper à leur créateur, et là, l’album qu’on trouve excellent devient « grand ». De purs moments de beauté (Dream sequence # 1) en dynamiques rythmiques crescendos (The ideal crash) nous emportent. The ideal crash, est un album européen, diversifié, riche et bien monté. Peut-être un peu trop d’ailleurs pour le rendre idéal.