Voilà un groupe féminin que Sarah MacLachlan ne recevra pas à la Lilith Fair… Et pourtant, les Demolition Doll Rods entrent dans les critères de sélection nécessaires pour intégrer le festival de rock chromosomé X. A l’image du slogan de Lilith « Une célébration de la féminité en musique », les Poupées de Detroit célèbrent la leur avec panache. La chanteuse-guitariste Margaret est une strip-teaseuse -si ce n’est pas le genre de boulot où l’on exhibe sa féminité, je veux bien être damnée- qui estime que les mères devraient apprendre à leurs filles l’art de la masturbation. L’autre guitariste se travestit en fille, c’est dire s’il apprécie le beau sexe. Quant à la batteuse, elle clame haut et fort son amour de la pornographie, ce qui fait d’elle une fille libérée, qui ne milite pas pour une égalité des sexes ras-des-paquerettes… Qui a dit « politiquement incorrect » ?
A l’image de ces pestes qui se produisent sur scène dans des tenues à faire rougir les Nashville Pussies, la musique des Demolition Doll Rods frappe droit au but. Leurs chansons sont brèves, efficaces, basiques parfois, oscillant entre grunge, punk et blues cracra. Margaret a pris des cours de chant auprès des L7 et de Courtney Love (époque Pretty on the inside et Live through this), s’exprime d’un air mi-teigneux, mi-blasé, poussant de temps en temps un coup de gueule, histoire de rappeler aux mâles que, oui, ils peuvent redouter la castration… Married for the weekend et Sex machine possèdent la fraîcheur bancale et la justesse approximative d’hymnes punk comme on n’en a plus entendu depuis 1977. Fooling around sonne comme un de ces mutants musicaux -rock déglingué mâtiné de bribes de blues- qu’on entend habituellement chez le Jon Spencer Blues Explosion. On retrouve aussi çà et là des traces d’influences de Beat Happening (U look good), dans ce que le groupe de Calvin Johnson pouvait sortir de plus abrasif et de plus cru. Et de l’auto-parodie avec Rock it up, faux live avec tonnerres d’applaudissements, faux riffs empruntés à Satisfaction, et ambiance gros-concert-beauf-dans-un-stade. Brutal, soit, mais non dépourvu de mélodies, qu’oserait-on demander de plus à cet album ? Des plages CD-Rom coquines ? Ça tombe bien, il en a.