Cypress Hill restera dans les mémoires comme le premier groupe de rap latino qui ait remporté un succès mondial (et mérité). Certes, partout dans le monde, ils sont régulièrement décrié (ou encensé) pour leur mobilisation en faveur de la dépénalisation de la marijuana -dont ils déclarent consommer des quantités impressionnantes. Mais leur musique va bien au-delà de ces querelles somme toutes insignifiantes quant on s’en tient à leur production discographique. En tout juste 15 ans de carrière (et cinq albums en comptant ce Skull & bones), ils ont réalisé la quintessence d’un rap sombre mettant en scène crânes, os, têtes de mort et autres accessoires normalement dévolus aux hardeux les plus vindicatifs. Ce nouvel opus n’échappe pas à la règle que se sont fixés DJ Muggs (pourtant ouvert aux expérimentations d’un Tricky au meilleur de sa forme l’an dernier), B-Real, Sen Dog et Mellow Man Ace. La musique est on ne peut plus noire, les voix, si elles ne sortent plus d’outre-tombe, n’en sont pas plus joyeuses pour autant et déclament quelques horreurs sanglantes à tout va. Quant aux beats, ils sont moins lourds qu’à l’accoutumée mais martèlent un tempo rapide et sans concession.
D’où viennent alors les réserves que l’on éprouve à l’écoute de ce Skull & bones ? Peut-être parce que les titres sont plus court que d’habitude, Cypress Hill ayant la fâcheuse tendance de couper les morceaux au beau milieu d’une possibilité de développement (au sens « forme sonate » du terme -pour les mélomanes !). Comme sur leurs pièces maîtresses que demeurent Black sunday et Temples of boom. Ils s’en sortent pourtant bien sur Stank A** H** par exemple, qui instaure une ambiance à la fois inquiétante et planante de catacombe. Et ils sont parfaits côté flow sur Certified bomb. C’est surtout sur le second disque (Bones disc) qu’ils livrent une nouvelle pièce à leur maîtrise du beat et du sample… avec des guitares, une basse et une batterie ! Là, ils se rapprochent de l’Ice T de Body Count excellent dans un hard core qui mériterait une belle place sur les grandes scènes des festivals d’été ! Décrassez-vous les oreilles avec les six titres de ce EP (dont Get out of my head, A Man et Can’t get the best of me) et mailez-nous vos impressions. On en reparle en privé…