Nouvel album de Curd Duca, la techno coca-cola sur un label plus habitué à l’avant-garde qu’aux mini pastiches électro easy-listening dont est composé ce disque « d’electronic mood music ». Vingt-sept estampes impressionistes qui tournent en boucle, avec des hommages non déguisés à Mancini (Mancini touch), Arthur Lyman (Tabu), ou Les Baxter (Goddess) et de manière génèrale à l’exotica (Bongo, Latin). Plus réussi que le dernier album de Black Dog sur Warp qui utilise le même principe (courtes pièces électroniques), on est pourtant à moitié convaincu par le résultat. Il y a bien sûr quelques merveilles de concision pleines de douceur et de tristesse (Traces), des références plutôt réussies au jazz (Night train blues, Julie), aux musiques de films bis sur vynils qui craquent (Les distant) avec moog funky à tout bout de champ.
Evidemment, on n’échappe pas à une référence à ce bon vieux Wagner (Tristan), ce qui n’est pas étonnant puisqu’il a déjà fait un Switched on Wagner sur le même label en hommage au Switched on Bach de Walter Carlos. Les derniers morceaux, plus longs (4 mn), sont plus ambient, un ambient non dépourvu de sensualité presque comme chez Jimi Tenor (mais ne délirons pas). L’ensemble est amusant, bien fait, mais pas assez easy pour être crédible et pas assez electronica pour être intéressant. En un mot, c’est un disque de « moods », d’ambiences, mais difficiles de trouver lesquelles. Un exercice de style un peu vain, qui ne va pas jusqu’au bout de son propos. C’est d’autant plus dommage que l’homme a du talent, des idées et un label d’avant-garde pour les accueillir. A Francfort, à l’apéritif, on écoute Curd Duca en grignotant des saucisses…