C’est marrant. Il y a encore peu de temps, les drôles de Cornershop comptaient à peine plus dans le monde de la pop anglaise qu’une mouche se posant sur le bureau d’un faiseur de beau temps et de pluie du NME. Et désormais par la grâce de quelques boucles et scratchs associés au sitar déjà présent auparavant, les voilà propulsés premier groupe indo-groove-cool de la classe. Seulement, le sitar, même gentiment agacé, ça ne suffit pas pour faire de bons morceaux. Les boucles, quant à elles, feraient rougir de honte les Dream Warriors de la mauvaise époque –Butter the soul– et la guitare de Cornershop semble ne posséder qu’une corde –Brimful of Asha. La rythmique est arthritique à souhait (la même sur tous les morceaux ou presque !), on dirait qu’elle compte fermement sur quelques perçus habilement balancées pour masquer son insigne pauvreté.
Que trouver à Cornershop, alors ? Certes, ils ne prennent pas vraiment au sérieux ces garçons (ils ont conservé à leurs Casio les sons d’origine) et visiblement, pour ce qui est de la dope, pas de problème, tout le monde est servi –Funky days are back again-, mais passés trois ou quatre morceaux, ils ne font plus sourire qu’eux mêmes. On attend vainement que cet album démarre, tant tous les titres sonnent comme de longues intros -avec What is happening ?, When the light appears boy et Coming up, il y en a trois vraies à la suite- exempts qu’ils sont de la moindre idée directrice, mis à part peut-être le poppy Good shit, sorte de demo de Primal Scream. Finalement, il faut attendre le dernier titre, le Norwegian wood des Beatles salement amochéen Hindi, pour franchement rigoler. Quand on pense que Cornershop est comparé à Beck, on se dit vraiment que les ORL ont du pain sur la planche.