On ne sait pas si le verbe parachuter a la même acception à Londres qu’en France. Tout ce que l’on voit, c’est qu’on nous a déjà fait le coup avec Muse ou Suede (liste non exhaustive) Et on connaît bien l’art et la manière de faire monter le buzz : le teaser… A savoir, Coldplay = nouveau Radiohead, nouveau Buckley, nouveau machin… Quasi inconnus il y a quelques mois, on découvre Coldplay fraîchement enrôlé chez le mastodonte EMI sur la foi d’une poignée de EP’s remarqués. Processus a priori suffisant pour enclencher l’engouement médiatique dont nos cousins d’outre-Manche ont le secret (qu’ils le gardent).
Résultat : Parachutes, premier LP’s de Coldplay, dès sa mise en vente libre, s’est confortablement installé dans les charts anglais ! Pourquoi pas, même si Parachutes reste un album au trois quart réussi. La première partie laisse entendre un bon groupe de pop sur Dont’ Panic, ou bien Shiver. C’est carré, plutôt bien troussé, et parfois même racé (High Speed sonnant comme du Verve acceptable, par exemple). Mais rien de fracassant.
Seulement voilà, quatre morceaux rehaussent l’ensemble par leur excellence. En premier lieu, l’extatique Parachutes, magnifique morceau de 45 secondes, ainsi que deux ballades que l’on peut qualifier de très prometteuses : Trouble et We never change, où Coldplay envoie au feu ses oripeaux de singe savant pour asseoir une sincérité, une supériorité mélodique et surtout une personnalité attachante. Il y a enfin peut-être le plus beau single de cette année, Yellow, une pop song aérienne, blessée, lancinante.
Enfin, Coldplay c’est surtout une voix : celle de Chris Martin. Un chant inspiré et accidenté, entre l’aigu et le grave, qui s’impose d’emblée. L’offre est donc en demi-teinte (ce n’est pas l’album de l’année). Reste cette satisfaction : dans le no man’s land des sorties audio estivales, Parachutes détonne. Que voulez-vous, il n’y a plus de saisons, sauf celles des festivals…