Wiener Philharmoniker, Mariss Jansons

(EMI)

Jansons est l’un des interprètes contemporains les plus remarquables du compositeur soviétique, et que ce soit avec Oslo, Berlin, ou Pétersbourg, il a déjà gravé pour la firme londonienne les plus fameuses symphonies de Chostakovitch. Echo d’un concert public à Vienne, cette Cinquième (entendue récemment, et de quelle façon, à Paris -voir magazine) surprend par son lyrisme exacerbé, sa conception presque… légère (allegretto), poétique, voire souriante ! C’est une vision de l’œuvre, pourquoi pas, mais dénervée d’un certain dramatisme, elle y perd singulièrement en impact émotionnel, et l’on se prend à se regretter le geste définitif, inexorable, des Mravinsky, Ancerl ou Sanderling. Les Wiener, sans doute, ne sont pas pour rien dans cette lecture comme suspendue, mais d’une beauté sonore entêtante -dans ce répertoire, néanmoins, les Russes demeurent-ils sans doute incomparables. Le prix de ce disque est réhaussé par son couplage -la Symphonie de chambre op.110, transcription pour orchestre à cordes du Quatuor n°8. Rarement donnée au disque, elle est ici magnifiquement exécutée (en studio), et constitue, qui plus est, une introduction parfaite au cœur de l’œuvre chostakovienne.