Les Buzzcocks. Le plus pop des groupes punks de 1977. Pete Shelley, Howard Devoto (jusqu’en mars 1977), Steve Diggle, plus quelques bassistes et batteurs (Steve Garvey, John Maher, aujourd’hui Tony Barber, Mike Joyce, Philip Barker). Les premiers punks de Manchester (avec Mark.E.Smith, bien sûr). Les seuls punks à avoir fait des harmonies vocales beatlesiennes et des chansons d’amour, tout en étant resté punks jusqu’au bout (c’est-à-dire aujourd’hui). Standards, classiques, maîtres-étalons : le single Spiral scratch, première autoproduction punk vinyle, distribué à 4 000 exemplaires début 1977 (LE collector), Another music in a different kitchen, l’album paru sur EMI en 1978, avec ses tubes (What do I get, Fast cars, Sixteen), le second album Love bites (avec Everybody’s habppy nowaday’s) et le « dernier » album, l’immense et précurseur de la new-wave A Different kind of tension (1979). Split en 1981. Le reste n’est pas rentré dans l’histoire.
Mais les Buzzcocks ne sont pas sortis de l’histoire, puisqu’ils viennent d’enregistrer un nouvel album (éponyme), en pleine nostalgie post-XXe siècle, quand tout se vaut. Du pareil au même : mêmes guitares saturées, mêmes longueurs de morceaux (2mn30, 3mn maxi), mêmes voix doublées sur les refrains, mêmes thématiques (des chansons d’amour premier degré), et même, un incunable inédit de 77 composé en binôme par Shelley et Devoto (Stars), évidemment plus beau titre de l’album. Recette éprouvée mais plaisir adolescent conservé chez ces vieux punks, qui n’ont pas perdu la fougue, s’ils ont gagné kilos et cheveux gris. Il y a un petit côté pathétiquement Nick Hornbien, régressif, à voir ces quinquas bedonnant, grisonnant, reprendre leurs guitares pour plaquer exactement les mêmes accords qu’en 1977. Jouissance punk ou impôts à payer ? A les voir en concert, on retiendra la première option : ces vieux-là ont voulu rester jeunes, n’ont pas changé d’un iota leur credo punk. La grande escroquerie du rock’n’roll joue toujours très fort, très vite, toujours too much, mais too late aujourd’hui. On est un peu triste de voir talents gâchés, créativité jamais renouvelée, évolution coincée. Pas intellos pour deux sous (seul Howard Devoto, étudiant en philo, l’était), les Buzzcocks sont aujourd’hui un groupe de pub-rock. Le meilleur du monde sans doute, mais voilà tout.
Reste l’esprit de 77, la flamme, l’enthousiasme, la source de jouvence éternelle, l’effet électricité. Ce qui n’est pas rien non plus.