1) It’s alright with me (Porter) – 2) Young and foolish (Hague / Horwitt) – 3) Monk’s dream (Monk) – 4) The way you look tonight (Kern / Fields) – 5) Moon river (Mercer / Mancini) – 6) Countdown (Coltrane).
Brad Mehldau (p), Larry Grenadier (b), Jorge Rossy (d). Enregistré live au Village Vanguard du 29 juillet au 3 août 1997.
Ebloui par ses deux albums précédents chez Warner –Introducing Brad Mehldau et The art of the trio, vol. I– on avait essayé de garder la tête froide, de se dire que, non, ce n’était pas forcément un nouveau maître qui nous arrivait là, qu’on en avait vus d’autres qui avaient mal finis, qu’il fallait méditer les propos de Bill Evans qui disait qu’il préférait les musiciens qui avaient dévelopé leur art à travers un long et patient acharnement. Et pourtant, un concert à la fin de l’été dernier à Paris nous avait fort ébranlés dans nos certitudes et il faut bien avouer que cet album achève de nous convaincre tout à fait. Intelligence, sensualité, lyrisme, le pouvoir évocateur des mots est trop faible pour exprimer le choc que l’on ressent à l’écoute de ce trio soudé en concert au mythique Village Vanguard. Les thèmes sont développés dans les conditions du live, c’est-à-dire sans contrainte réelle de temps -le plus court développement fait près de onze minutes.
Dans des notes de pochette d’une intelligence remarquable, Mehldau développe un dialogue imaginaire sur des thèmes aussi rebattus que l’héritage en art, la nouveauté, pour terminer sur une note totalement mystique. Mystique, aussi, la version poignante qu’il nous offre du Countdown de Coltrane, celui-là même qui fit quelques années plus tôt les beaux jours du Village Vanguard. Mais il est certain que Mehldau n’a pas tout dit. On est impatient de connaître la suite.