On avait connu Boy Gé sous l’influence des dieux de la fête dans les années soixante-dix, à l’époque du bien nommé Cabo Verde Show -un groupe phare au sein de la diaspora cap-verdienne en France et aux Pays-Bas. Mais comme on le sait, le temps passe, nous ronge et provoque d’autres envies. Celle par exemple d’aller parcourir le monde sans autre bagage ni amie que sa guitare.
Car c’est ainsi qu’est né ce nouvel album. Avec son côté intimiste, sa douce nostalgie, son rapport à la terre, servis en acoustique sur une largeur d’océan imaginaire que l’on situe approximativement entre l’Afrique et les Amériques.
Né à Dakar, Boy Gé, chose curieuse, a toujours considéré la terre d’origine de ses parents -le Cap-Vert- comme le meilleur moyen d’atteindre une terre d’ailleurs, le Brésil en particulier. Et cela se ressent dans cet album qui préfère cependant chanter la vie et l’amour en créole pays… peut-être pour ne pas avoir à perdre ses marques. Considéré comme le pendant masculin de la diva aux pieds nus (Cesaria Evora), Boy Gé Mendez nous emmène donc en voyage, en signant ce nouvel opus, dans l’univers sensuel et suave (morna et fado…) des musiques du Cap-vert, tout en nous faisant partager le charme de ces rencontres en terre étrangère. Ainsi font les poètes, dit-on…
Ainsi font les passionnés de la vie en tous cas. Car il ne faut point l’oublier : sa voix un tantinet mélancolique n’a qu’un but ici… nous amener sur la lagune (« lagoa »), là-bas, en pleine forêt amazonienne, à l’endroit où coule l’élixir qui redonne la vie et transforme tout sur son passage. Merci.