La légende veut que le loup surnommé « Superwolf » doive ce sobriquet à la distance colossale qu’il a pu parcourir au long de sa courte existence. Like a rolling stone, dans sa version lycanthrope, en quelque sorte… La définition pourrait parfaitement coller à la peau de Will Oldham, éternel baroudeur du folk et poète confirmé des grands espaces américains, depuis qu’il a mis ses différentes identités sur orbite, il y a déjà un bail… Après un Ease down the road inaugural assez engageant, Bonnie Prince Billy avait partagé ses fans en deux camps, l’année passée, avec son Bonnie Prince Billy : Greatest Palace music qui revisitait moult standards de son répertoire, à la sauce Nashvillienne : d’un côté, des fans hardcore, se roulant sans complexe aucun dans un déferlement de slides tirés des épisodes les plus extrêmes de Shérif, fais-moi peur, de l’autre, ceux qui aiment leur Will sans assaisonnement, quittant prestement la pièce en se bouchant le nez…
Pour ce nouvel épisode d’une série qu’on devine sans fin, Bonnie Prince Billy choisit la formule du duel : à lui le poids des mots via la voix du conteur et au vieil ami Matt Sweeney (vu auprès de Zwan, Cat Power ou Guided By Voices) la gageure de le tenir en respect par la force des notes. Est-ce Jean-Louis Murat qui a soufflé -vendu ?- ce concept à l’oreille de notre cowboy favori ? On pourrait parier qu’en hommes des bois, ils doivent pouvoir s’entendre sans se parler. Quoiqu’il en soit, le A Bird on a poire de l’auvergnat, passe l’épreuve avec plus de bonheur que ce Superwolf, qui pourra paraître mi-raté, mi-réussi.
L’album s’ouvre sur un My home is the sea d’assez bonne facture, mais qui, hélas, se prend vite les pieds dans le tapis à cause des volées de guitare, assez hors sujet, de Matt Sweeney. Fier de lui, le partenaire de Will Oldham n’hésite pas à réitérer le même coup bas sur Goat and ram qui, bien que commençant dans une nudité quasi primitive du meilleur effet, est alourdie par des saillies de guitares baveuses… Pourtant, ce nouvel opus recèle sa poignée de grands moments aussi : de Beast for thee à Bed is for sleeping, en passant par Death in the sea, il faudrait toute la froideur d’un Protestant pour bouder son plaisir. Sur ces titres, on retrouve un Will Oldham très contemplatif, quasi ascétique, s’appuyant sur des arpèges de guitare calmes mais assez intelligemment distordus. Dans cet optique, la ballade-fleuve Blood embrace fait peut-être figure de point d’orgue de l’album, utilisant tous les arguments de la simplicité pour un voyage mental oppressant et tendu qui vient s’achever sur un échange déchiré entre un homme et une femme (dialogues extraits d’un film non identifié). Au final, on peut sans doute regretter que cette tentative de renouvellement, dont on peut toujours saluer l’initiative, reste lettre morte : les fans accueilleront à bras ouverts cette nouvelles livraison, les autres se réserveront pour la suite.
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