Deuxième album du jeune Bogdan (fort en maths, un peu dissipé, du talent mais débraillé), qui aurait besoin de se démarquer de l’influence de ses maîtres beatniks : Aphex Twin (le Boss de l’electronica ?) et µ-ziq. Que trouve-t-on dans ce disque au nom encore une fois inspiré de la métaphore « je fabrique mes beats comme un savant fou fait du kung-fu » (mais Photek l’a déjà fait) ? On y trouve 15 titres d’électronique singulièrement produite, entre finesse et brutalité. Bogdan utilise des voix d’enfants distordues ou ralenties, comme dans les disques du fondateur de Rephlex. Bogdan fait de la drum&bass lo-fi comme personne : ça martèle sans vouloir à tout prix faire « dark », ça rafraîchit, ça pourrait faire suer en live tellement c’est nerveux. Le tout est truffé de mélodies cristallines, comme dans les disques du fondateur du label Planet µ…
La pochette est magnifique : on dirait du Tapiès. Et puis dedans, il y a un petit autocollant avec le personnage mascotte de Bogdan, dessiné au crayon, déjà sur la pochette de Bokumu wakaran, le premier album. Quelques joyaux, quelques perles, comme du Autechre rajeuni, naïf, turbulent. Un talent prometteur et énergique, un peu fou, débridé. Les bruitages de jeux vidéo aussi, ça a déjà été fait : et alors ? Ici, c’est au service de sculptures soniques urgentes, pressées, qui n’ont pas le temps de vous attendre. Quelques hystéries du meilleur goût : des voix, des rythmes qui vont trop vite, et qui pour ça sont beaux. Parfois, on a l’impression d’entendre Mickey s’électrocuter en se masturbant. La pauvre petite souris. Son cri a déclenché l’alarme de ta voiture. Si l’influence d’Aphex Twin est trop présente, qui s’en plaindra ? Dégraissé, simplifié, rendu à l’état sauvage, Richard fait de la boxe sur Gameboy et ça défoule, tout en étant pas trop bête. Assez subtil même. Le troisième album est prévu pour novembre 1999 et on va le guetter de près. Un disque très riche réalisé avec les moyens du pauvre, comme tous les disques qui modifient imperceptiblement les choses.