A n’en pas douter, le retour aux affaires de Shaun Ryder et de Black Grape va autant réjouir ceux qui, depuis le tout premier Happy Mondays, se sont pris d’affection pour cet homme de la foule (du peuple même) au charisme dérangeant, qu’agacer les autres, qui depuis toujours, n’on vu là qu’un voyou pour lequel la musique n’est qu’une forme un peu sophistiquée d’escroquerie et de rapine. Mettons les choses au point, Shaun Ryder est un type normal, qui a juste un peu plus de bagout que d’autres, un père de famille qui joue à se mettre en danger, un caractère de cochon fier de l’être parfois.
D’ailleurs, Stupid, stupid, stupid (titre con et malin qui énervera d’autant plus ses détracteurs) enfonce le clou définitivement, en ne changeant rien ou si peu à la méthode déjà éprouvée par le passé : je te prends un peu de tout ce qui bouge dans la musique de club (dance, baggy sound 100% mancunien, rap, dub, funk blanc, soul), je te mélange le tout avec deux gros traits d’hallucinogènes, un petit doigt -tendu- d’humour, et voilà le bon cocktail qui pète à la gueule, le secret des ambiances réussies.
Certes, il est toujours possible de dire que c’est le même exercice maintes et maintes fois rabaché, mais que voulez-vous, c’est diablement efficace. Squeaky, Marbles, Daddy was a badi (chez Ryder comme chez Oasis et pas mal d’autres Anglais, l’image du père en prend toujours un sale coup sur la tronche) sont de remarquables archétypes du style (n’en déplaise aux tailleurs de croupières) du style Shaun Ryder : on boit un bon coup, on fait les cons et on danse toute la putain de nuit. De toute manière, on pourrait citer tous les titres, ce sont de redoutables machines à faire la fête. Pour cela, on s’empressera de se passer en boucle ce Stupid, stupid, stupid, le disque le plus énergiquement et le plus festivement rétrograde de l’année