Voici enfin l’album du duo Ratcliff / Buxton, alias Basement Jaxx, qui bénéficie d’un succès critique unanime (y compris dans les revues « pointues » comme The Wire) et commercial total (le single Red alert est numéro deux des charts européens). Alors que se passe-t-il ? Il se passe que des albums house originaux, bien foutus, intéressants à écouter et à danser, on n’en trouve pas tous les jours. Il est facile de voir qu’à travers ces 15 morceaux assez variés (et 4 intermèdes), sous une superbe pochette faite de corps et de végétation, c’est la finesse de la production qui vaut le détour. Rendez-vous, qui ouvre l’album, est une espagnolade vocodée funkisante très réussie et euphorique, qui fera danser le soleil de l’été, et dont Yo-yo prend la suite avec bonheur, avec encore du vocoder, et déjà de petits effets sonores surprenants : voix bizarres, écho, etc. Le tout sur une ligne de basse assez énorme. Jump’n’shout commence sur un rythme house latino, rebondit sur des vocaux hip hop comme un refrain de Cypress Hill avec des bruits de bulles sous l’eau et progresse lentement vers un beak forcément mortel : pas mal mais vite lassant. U can’t stop me est un truc étrange et commercial basé sur un rythme mid-tempo syncopé, pas terrible. Et puis vient Red alert et là, on se tait et on devient fou. On danse et on crie. On ne réfléchit plus, on monte le volume. Mieux vaut danser là-dessus dans votre boîte estivale favorite que sur n’importe quelle merde Dance. Mon Dieu, ça groove sec, ce truc. Même les vocaux -infâmes au premier abord- sont terribles : les chœurs sont aussi doux que la voix principale devient hystérique. A 1’26, le break au violon fait son petit effet et ce qui devait arriver arrive : la house casse la baraque…
Après ça, Always be there calme le jeu en douceur : un morceau atmosphérique aux vocaux casse-couilles, mais suffisamment tordus et planants pour qu’il soit réussi. Same old show, avec son sample de jouissance de Veda Simpson (extrait Ooooh baby, un des grands tubes house du Queen) devient vite pénible et ce n’est pas la salsa-house de Bingo bango qui nous sauve, parce que là, pour le coup, on dirait vraiment Ricky Martin. Disons que si pouvez ne pas vous poser de questions pendant 3 mn, alors ce morceau vous fera danser, d’autant qu’il devient carrément tordu à la fin. Par contre, l’étonnant et mélancolique Stop 4 love (on dirait presque Plaid !) est ravissant. On termine avec Don’t give up, étrange et lourd, et le savoureux et sensuel Being with you, entre Jimi Tenor et It’s Immaterial, George Michael et Julian Cope… Un vrai bonheur ! Conclusion : beaucoup d’humour et de savoir-faire, quelques trouvailles sonores et un ou deux tubes, Basement Jaxx, c’est vraiment cool pour nous les jeunes européens.