Soyons réalistes, la majorité des productions rock de chez Grand Royal n’a jamais été de grande qualité… On n’aura pas retenu grand-chose du punk gentillet de Mika Bomb ou des morceaux noisy de Buffalo Daughter, si ce n’est un bref amusement éprouvé lors des premières écoutes. Mais notre grande déception vient aussi du fait que ce label est avant tout celui des Beastie Boys, le groupe qui -de Polly wog stew e.p. à Aglo e Olio– a tout de même produit toute une série de titres hardcore d’anthologie… Alors quoi ? Grand Royal est-il destiné à rester assigné aux formations punk de seconde zone ? N’y a-t-il pas chez eux un seul bon groupe capable de sortir du lot ? Eh bien finalement, si… Celui-ci vient juste d’arriver et s’appelle At The Drive-In. Après un single explosif (One armed scissor, sorti le mois dernier), les voici de retour avec un album à la hauteur de nos attentes.
Dès l’ouverture de Relationship of command, le décor est posé : la formation basse/guitare/batterie/chant se suffit à elle-même pour en imposer un maximum, sans qu’il y ait un seul compromis au niveau de la production. Le son est tout simplement énorme, les riffs sont tranchants et la batterie est aussi explosive qu’un baril de nitroglycérine jeté du quinzième étage. Pour ce qui est de la voix… disons tout simplement que de tels hurlements, incisifs et déchirants, n’avaient pas été entendus depuis Big Black, Pet Lamb ou encore Nirvana (ce qui n’est pas peu dire). La violence qui s’en dégage est constamment renforcée par la construction des morceaux : quelques sobres oasis arrivent de-ci de-là, pour rendre à chaque fois plus intense le chaos sonore et les vociférations qui ne tardent pas à revenir en force. Au niveau des mélodies, At The Drive-In semble tirer ses influences parmi les mythiques productions de labels comme Amphetamine Reptile, Alternative Tentacles ou Sub pop. Vous l’aurez donc compris, nous avons ici affaire à un groupe de hardcore rentre-dedans, qui ne perd pas son temps en s’embourbant dans des parties mélodieuses soporifiques. Même sur les titres les plus calmes de l’album (Invalid litter dept et Non-zero possibility), on sent bien leur volonté d’aller droit au but, par de simples grilles d’accords minimalistes et sans fioritures…
En dernier lieu, signalons la présence d’un invité de marque sur l’un des titres de cet album. Plusieurs parties vocales de Rodolex propaganda sont assurées par l’un des plus grands maîtres du genre : Iggy Pop. A l’heure où la plupart des gens pensent à Korn, Offspring ou aux Deftones lorsqu’on parle de punk, une telle référence confirme bien que At The Drive-in est un groupe à part. Un groupe issu de la bonne école.