Au pays d’Arab Strap (Falkirk, le presque trou de balle de l’Ecosse), on connaît bien les gros mots et le histoires salaces, on aime bien le cul en vérité et on en parle -ou on le susurre avec une bonne dose de désinvolture résignée et de cruauté, mais jamais au grand jamais on ne le chante à gorge déployée-. Philophobia est bien le digne successeur de The week never starts round here, avec ses mélodies en filigranes, ses rythmiques rachitiques et son orgue édenté. Un peu à l’image, d’ailleurs de Aidan Moffat et Malcolm Middleton, deux jeunes écossais absolument normaux, physiquement à la limite d’une effroyable banalité. Mais sous cette couche de péquenauderie quasi affligeante, se cachent deux gentils garçons tout étonnés de leur succès et des mélodies qui n’en reviennent pas d’arriver à bon port, tant elles semblent abandonnées au stade de l’ébauche. On pourrait presque toutes les prendre, Not quite a yes, Here we go, Islands ou My favorite muse, elles ne décollent qu’à grand peine et pourtant, elles se faufilent jusque dans les replis les plus intimes de nos conduits auriculaires, elles s’incrustent comme une patine sur un meuble.
Au résultat, c’est extrêmement déroutant, on est tenté d’adorer un album qu’on était pourtant sur le point -non pas de détester- mais de dédaigner à tout le moins. Il faudra bien qu’un jour, Aidan Moffat et Malcolm Middleton expliquent quelle potion ils utilisent pour transformer leurs airs rabougris en ritournelles obsédantes, et il faudra nous sortir autre chose que l’arab strap (gadget bandulatoire pour sinistrés du chibre)…