Après deux EPs sortis sur son propre label Tryptamine et l’EP Double Slith sur Audioviews, Anton Price, aka Dagobert Sondervan, sort son premier album d’electronica turbulente The Collapse of the state vector, toujours sur Audioviews. Son background musical particulier, qui l’a vu étudier les percussions et être diplômé d’une école de musique, lui permet de mélanger les influences les plus hétéroclites avec un talent certain dans l’art de juxtaposer les éléments rythmiques et mélodiques et produire une electro instrumentale et abstraite où tous les rythmes sont joués live et réassemblés par ordinateur.
La marque de fabrique d’Anton Price semble tenir à cette rencontre entre les batteries jouées live et la programmation des patterns et des synthétiseurs. Tout l’album est ainsi parcouru de canevas rythmiques déstructurés, comme un Rebirth fou changeant de tempo selon l’humeur, parfois rigide et carré comme une machine, ou complexe et subtil comme un humain. Anton Price serait donc un homme-machine ou une groove-box vivante, entre cœur et ordinateur. Breaks jazz et sombre machinerie electro, tout y est dans un foutoir baroque et froid : polyrythmie de marimbas tribales (Decoherence), synthés cheap (Cluster buster Adjuster), ambient works (Neural network-algorithm interface), aires de jeux distordues (The Approach of the entity frequency), electro 80’s datée, bass-lines saturées et bleeps spatio-psychogènes (Gate XOR), jusqu’à l’inspiration pré-electro 70’s du Pop Corn de Gershon Kingsley (sur Distant attractor).
Ce brouhaha déstructuré de sons et d’influences ne produit pas cependant une réelle impression de gaieté, mais de violence, réelle ou latente, qui rend l’écoute du disque plus sacerdotale qu’hédoniste. On supporte la violence infligée à nos sens parce qu’aucun morceau ne se ressemble et qu’on va de surprises en contre-pieds, et que l’album est tout entier construit sur la rupture et le mouvement. Mais au final, on n’apprécie que modérément la torsion des compositions et l’illisibilité des arrangements, et il nous semble avoir déjà entendu ça des milliers de fois. Autechre sont par exemple bien plus intéressants dans leur éternel travail de torture sonore.
Ecoutez donc leurs nouvelles Peel Sessions qui viennent de sortir et dont on reparlera bientôt…