C’est marrant comme les Afghan Whigs ont toujours eu une image de groupe de seconde catégorie, même si avec le temps, la presse s’était décidée à accorder quelque intérêt à leur rock écorché mâtiné de soul ultra sensuelle -cette dernière influence étant renforcée par la voix de Greg Dulli, l’une des meilleures voix du rock, qu’on se le dise.
Il est vrai qu’il n’est pas facile d’avoir été les camarades d’écurie de Nirvana ou de Soundgarden -sur le label Sub Pop-, et de ne pas avoir explosé à la grande époque de grunge, et pour cause : Afghan Whigs n’a jamais été un groupe grunge, encore une erreur d’étiquetage… Dès ses débuts, le groupe de Dulli a eu ce côté charnel, cette tendresse sanguine qui le différenciait des besogneux de service (Tad et consorts). Sans doute est-ce par timidité (humilité ?) qu’il n’a pas été reconnu plus tôt, bien qu’ayant signé sur une major assez vite. C’est que ça faisait drôle de voir un groupe Sub Pop reprendre les Supremes et les groupes datant de l’apogée de l’ère Motown, vers 1965… Est-ce un hasard si c’est aussi le titre de ce nouvel album ?
Enregistré en majeure partie à la Nouvelle-Orléans, 1965 bénéficie de l’inspiration de Dulli à son top. La rage toujours chevillée au corps, il sait désormais la faire passer par des ambiances plus festives, plus ouvertement soul. Fini l’époque où le groove se planquait derrière les rythmiques en béton, où les aveux de la passion de Dulli pour la musique noire des sixties étaient cantonnés à des faces B, à des moitiés de morceaux, à des productions réminiscentes de la ferveur du black beat. Onze morceaux et pas un à jeter, voila aussi qui est nouveau pour Afghan Whigs. C’est comme si, les influences enfin pleinement assumées, les envies de plaire envolées, le groupe se lâchait. Ca donne quelques chefs-d’œuvre, comme le premier titre, Somethin’ hot. Il faut dire que les quatre garçons sont aidés sont aidés sur cet album par la Royal Orleans Revue. Du coup, on a droit à de vrais chœurs magnifiques qui pètent de façon tonitruante derrière la voix forever brisée de Dulli. Et cette capacité à faire onduler les mélodies jusqu’à les tordre pour en extraire l’essence, la beauté (Crazy), qu’en dire ? C’est proprement ahurissant. Tous les morceaux –Uptown again, 66, Citi soleil, John the baptist…- sont plein de verve et de sève, et viennent redonner des couleurs à une musique rock qu’on annonce à tout bout de champ en perte de vitesse -remarquez, quand on mise sur les Stones, U2 ou Dylan pour tenir la baraque, on n’a pas tout à fait tord…
Sachez le, 1965 est une énorme claque, un de ces disques à vous faire bousiller la platine de bonheur !
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