Depuis 1997, Add N to (X) entreprend de réhabiliter les vieux synthétiseurs analogiques (Moog, Wasp, EMS et compagnie) dans une synthèse violente et quasi instrumentale de heavy rock seventies, de riffs monomaniaques empruntés aux Silver Apples ou à Suicide et d’énergie punk bruitiste. La formule habituelle d’Add N to (X) repose sur une assez stricte division du travail : mannes de John Bonham invoquées à la batterie avec force breaks en triolets + lignes de basses punk triturées à la croche, de préférence sur Moog Rogue + mélodies ou nappes assez simples pianotées sur n’importe quelle guimbarde pourvue de circuits imprimés, pour peu qu’on ait cessé de la fabriquer en 1981 + les plus agressifs gargouillements ou stridences qu’on puisse tirer d’un EMS modulaire par pelotage aléatoire.
Add insult to injury est, si l’on compte le mini LP Vero Electronics sur Blow Up records, le quatrième album d’Add N to (X). Il a l’inconvénient de succéder à Avant Hard, chef-d’œuvre qui, l’année dernière, étonnait par l’étendue de son registre. Le groupe s’aventurait bien au-delà de la formule citée plus haut en développant d’impressionnantes atmosphères pompières d’inspiration gothique ou progressive et en échantillonnant François de Roubaix, Kurt Weill ou Egg avec une constante fantaisie.
Ce nouveau disque se borne quant à lui à répéter les exercices dans lesquels il est établi que la formation excelle. Sans doute a-t-il été enregistré un peu trop vite. Mais, s’il n’ajoute rien à la gloire du groupe, il faut bien convenir qu’il ne lui retire rien. Et qu’on boudera difficilement sous prétexte de déjà-vu d’aussi enchanteurs rigodons que Adding N to X ou MDMH.
Au hasard, Monster Bobby est un hymne glam-rock pour stade évoquant le Rock’n’ Roll de Gary Glitter. Incinerator #1 et Brothel Charge réjouissent par la rudesse de leurs mètres composés. Enfin, les morceaux les plus planants ou pop, You must create, Plug me in et B.P. Perino, sont particulièrement entêtants.
Pour renouer avec l’invention débridée d’Avant Hard, il faudra attendre l’insolence timbrale d’un morceau caché, explosive séquence d’échantillons de percussions et de flûtes. Enfin, il faudra louer ce disque pour être une promesse de concerts futurs, dans lesquels Add N to (X) donne toute la mesure de son génie.