Menant plusieurs carrières de front (diplomatique, artistique et littéraire) Vivant Denon, modeste baron reconverti durant la Révolution sous un patronyme d’apparence roturière, prit rapidement goût aux voyages. En 1777, il se rendit au royaume de Naples, car tel était sans doute son bon plaisir. Le voyage était encore une aventure. On y ferraillait en route, sans être assuré d’arriver à destination. Ces pratiques se sont perdues de nos jours. C’est bien regrettable.
Une fois sur les lieux, il regarda autour de lui et conclut que cette place présentait quelques charmes -en dehors des dames qu’il ne négligea pas, comme à son habitude. Il en rapporta un journal assez pittoresque. Le voici retranscrit à partir de ses notes. Et il notait bien. Peintre des plaisirs sans lendemain, Denon s’attacha plus aux ruines, par respect des Anciens, qu’aux gens, dont il tira par ailleurs des théories hasardeuses (celle socioclimatique sur la condition des miséreux prête à sourire). Mais son style, la précision de sa langue suffisent à son œuvre.
Il pensa apporter ses lumières à un pays qui pourtant n’en manquait pas (le Baroque y résidait en bonne place). Malgré cela, il est impossible de ne pas succomber au charme de ses écrits. Grand mystificateur, agitateur patenté et, à ses heures, pilleur d’œuvres d’art sous la botte de Napoléon, il eut un destin hors du commun. D’après nos correspondants rue Sébastien Bottin, M. Sollers lui vouerait un véritable culte.