Un mot d’abord pour saluer la naissance chez Gallmeister (Nature Writing et polars écolo : Le Gang de la clef à molette, c’était eux) de la collection « Americana » (baseline : « L’Amérique à contre-jour »), qui annonce déjà pour 2009 Tom Robbins et l’ex-beat Terry Southern, et qui complètera idéalement le travail de « Lot 49 » (c’est d’ailleurs Claro qui se colle à la traduction). Das kapital, donc, A Novel of love and money markets, est le deuxième roman de l’américano-libanais Viken Berberian. Sous ce titre faramineux emprunté à qui on sait se cache une satire du capitalisme mondialisé, avec trois personnages : un hedge-funder new-yorkais qui spécule sur les faillites (façon personnage d’Ellis new-look), une étudiante en architecture marseillaise rencontrée sur le web, et un Corse taiseux qu’il charge de poser des bombes.
Placé sous les auspices d’Einstein et d’Edwin Lefèvre (l’un des premiers à avoir écrit sur Wall Street, avec Mémoires d’un spéculateur), Das kapital commence par séduire : décalé, tonique, embrouillé, avec des dialogues croustillants. Mais au fil des pages, l’intérêt s’émousse : Berberian fatigue à force de formulations lourdaudes (« Elle avait déjà passé une heure à admirer les états infinis d’aliments fonctionnels arrangés selon toutes sortes de combinaisons euclidiennes, et qui repoussaient les frontières linéaires de son imagination épicurienne » : stop !), perd son temps en descriptions inintéressantes, n’exploite guère son parallèle entre haute finance et architecture, et nous finalement laisse en plan après 200 pages sur une chute un peu convenue. Sympathique, sans plus.