France, années 2030. Un ex-boxeur rentre au pays après un long exil aux Etats-Unis. Il se trouve qu’à Paris, c’est l’euphorie : le nouveau Président de la République, élu quelques jours plus tôt, est une femme, arabe, patronne du PMD, le « Parti des Musulmans démocrates ». Et notre boxeur ému, emporté par le climat de liesse, de revisiter la banlieue de son enfance (Le Bourget, etc.), en se remémorant les deux décennies qui ont conduit à ce miracle…
Huit ans après Supplément au roman national, qui l’avait lancé, Jean-Eric Boulin a toujours tendance à confondre l’art du roman avec celui du tract. Qu’il ait des idées n’est pas un problème ; qu’il conçoive ses intrigues comme support pour ces idées, en revanche… De là des situations qui semblent n’être imaginées que pour leur dimension édifiante, et des dialogues lourdingues où il bourre des thèses comme on remplit une valise. Résultat : Nous aurons de l’or est la version post-coloniale du roman réaliste soviétique, un clip pour les Indigènes de la République, plein de tirades sur « le legs colonial », « l’identité des Blancs » (tout est racialisé), « l’apartheid territorial », « la culture beauf et le FN », les « radios et télévisions qui multiplient les saillies racistes, misogynes, anti-quartiers », etc.
Tout ceci est d’une finesse pachydermique, et les talents de romancier de Boulin, quoique habile à dessiner ses personnages, ne sont pas suffisants pour déguiser honorablement le tout (cf. la fin bâclée, avec cette révolte anticonsumériste aux Etats-Unis qui arrive comme un cheveu sur la soupe). Pour ne rien arranger, il croit judicieux de s’autoriser des vannes de gros malin, en imaginant par exemple Franz-Olivier Giesbert quasi centenaire envoyé à l’asile, et Le Point tombé en faillite après ses « unes » récurrentes sur l’Islam. Hilarant, non ? Nous aurons de l’or, lourd comme du plomb.