Fiasco de Mathieu Terence pourrait se résumer comme le récit réussi d’une vie faite d’échecs successifs volontairement entretenus. C’est sa propre errance que l’auteur soumet au scanner de ses désillusions. Ne maintenant aucune distance par rapport au personnage qu’il met en scène (en l’occurrence lui-même), son entreprise aurait pu tourner au désastre s’il ne s’était pas épargné. Car ici, son narcissisme devient une fenêtre ouverte sur le monde. Un amour perdu, la destruction de sa propre identité, la défaite exercée comme un art de vivre sont les thèmes principaux de ce petit bréviaire écrit avec nervosité et élégance, c’est-à-dire possédant un style et un ton, deux qualités suffisamment rares pour être soulignées.
Mathieu Terence a compris que seule la littérature pouvait consoler les âmes meurtries. Chacune d’elles peut se retrouver dans cette histoire pourtant si personnelle. Car sans prétendre écrire le roman d’une génération qui n’a de toute façon pas d’existence propre, il s’inscrit dans la lignée d’œuvres comme Aden Arabie, de Nizan, et nous rappelle qu’il ne faut laisser dire à personne que vingt ans est le plus bel âge de la vie. Reste à son auteur à trouver un sujet et un souffle à la mesure de ses ambitions pour confirmer les espoirs qui sont mis en lui.