L’art de Mark Rothko supporte difficilement toute réduction. La photographie en est une. Le catalogue accompagnant l’exposition qui se tient en ce moment au musée d’Art moderne de la Ville de Paris doit donc être pris pour ce qu’il est : un catalogue ne pouvant susciter l’expérience visuelle de chacun face aux œuvres du peintre, il permet tout du moins de se familiariser avec elles. C’est toute la démarche de ses préfaciers : procurer par le texte (riches notes biographiques, commentaire époque par époque -l’exposition est organisée de manière chronologique -des tableaux situant l’apport du peintre, et plus généralement, celui de l’expressionnisme abstrait) le plaisir de la redécouverte, une fois le choc sensoriel passé (en galerie). Ainsi, le dispositif mis en place (on notera la qualité des reproductions ; couleurs s’approchant au plus près des originaux et formats pleine page) laisse une grande place aux commentaires de Mark Rothko. A l’actif développement d’une pensée individuelle. Exemple : « Les romantiques étaient enclins à aller chercher des sujets exotiques et à voyager dans des contrées lointaines. Ils n’avaient pas compris que, si le transcendantal passe obligatoirement par des choses étranges et inconnues, tout ce qui est étrange et inconnu n’est pas pour autant transcendantal ». On est ainsi renseigné sur la démarche. Voici en près de 300 pages l’itinéraire du peintre américain. On pourra s’y replonger régulièrement, le plaisir restera intact.
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