Que ce soit au Bœuf sur le toit, au Jockey, hauts lieux des années folles, et partout où son regard se posait, Man Ray sévit. En marge de sa monumentale autobiographie (parue chez Robert Laffont), ces textes réunis sous le titre Ce que je suis donnent une idée des plus nette d’un artiste avant-gardiste exalté par son travail, et qui participa « au décloisonnement des disciplines artistiques » avec Dada, dont il fut l’un des précurseurs.
Riche d’enseignements sur l’art moderne (l’auteur de ces propos délimite un champ restrictif à son art : « la photographie n’est pas de l’art » – il affirmera l’inverse plus tard), ces pages confirment, si besoin est, l’étendue du savoir de l’artiste : tant en peinture qu’en cinéma. Et sa drôlerie. Car la mise à distance, vis à vis du sujet, et surtout de lui-même, est une donnée majeure de son esprit. « La vérité ? Il n’y a pas plus subversif que la vérité » disait-il. Nous sommes toujours prêts à le croire.