Un gamin de dix ans fugue dans la montagne, cavalant avec l’agilité d’un bouquetin. Son beau-père se lance à ses trousses, croyant pouvoir le rattraper. Les jours passent, le gosse et le beau-père se perdent dans les alpages ; bientôt, la famille se résigne à prévenir les gendarmes. La télévision s’en mêle, convoque les psychologues ; on découvre que l’homme n’est pas le père biologique du petit, et que la structure familiale, comme on dit, est compliquée… Il y a plusieurs romans dans cette Trace du fils, nouveau livre de Gaspard-Marie Janvier après le très remarqué Quel trésor (un épais récit d’aventures à l’ancienne, façon Stevenson, avec des rebondissements toutes les deux lignes et des imparfaits du subjonctif ostentatoires). Une sorte de western alpestre, d’abord, avec la course-poursuite dans la nature inamicale. Un roman familial, ensuite, avec les secrets qui ressurgissent. Une comédie satirique, enfin, avec l’humour malicieux de l’auteur qui teinte tout, notamment une séquence comique sur un plateau de télévision où pérorent des experts (« Sans vouloir trahir le secret professionnel, il y a un problème dans cette famille avec ce que nous appelons dans notre jargon l’imago paternelle »). Le problème, c’est peut-être justement que Janvier, à ne pas choisir entre ces registres, suit trop de pistes, effiloche son intrigue et perd le rythme. D’où une narration un peu poussive, éclatée entre les hauteurs (les fuyards dans la montagne) et la vallée (les autorités, la mère, etc.), qui hésite entre légèreté et gravité, et effleure ses thèmes au lieu de s’en emparer.