En partant de l’évidente constatation que méditation et compassion sont à la fois deux pratiques et deux caractéristiques fondamentales du bouddhisme et du christianisme, Jean-Yves Leloup articule une démonstration limpide qui part d’une religion pour aller à l’autre à travers des exemples simples. Le principe, pédagogique, réconcilie les plus sceptiques, et les amateurs d’exotisme en prennent pour leur grade. Avec des mots simples et des anecdotes tirées de ses propres expériences spirituelles, l’auteur compose un tableau mi-analytique, mi-historique, en reprenant un à un les différents points d’application de l’une et l’autre religion.
Le livre se lit comme une promenade, un cheminement pour soi ; Jean-Yves Leloup se fait guide à travers la pratique de la méditation, soulevant l’une après l’autre toutes les questions qu’un néophyte peut se poser. Mais l’auteur ne se contente pas d’un rôle de prescripteur, puisqu’il est lui-même un prêtre orthodoxe. Sa réflexion religieuse, il l’a déjà déclinée en près de trente ouvrages sur le christianisme et sur certains points précis de théologie (Jean Cassien, Philon d’Alexandrie, l’Evangile de Marie). Outre La Montagne dans l’océan, il a également publié des études comparées entre de grands systèmes religieux, comme dans Les Livres des morts ou Pleroma et Kenosis. Quant à sa connaissance du bouddhisme, elle s’est enrichie de rencontres avec le dalaï-lama et de conférences appuyées sur les connaissances comparées du zen et de l’hésychasme.
Que chacun suive la voie du Bouddha ou du Christ, tout est question d’affinité spirituelle. A force de rassembler les points communs et d’identifier les singularités des deux voies spirituelles comparées, Jean-Yves Leloup réussit à définir une sorte de voie du milieu, commune au bouddhisme et au christianisme, une sorte de spiritualité œcuménique débroussaillée des aspects les plus typiques des civilisations occidentale et extrême-orientale. Sans affectation de « grand maître » et avec toute la bienveillance que permet une quête spirituelle déjà bien éclairée, l’auteur donne à penser à son lecteur que l’élan spirituel, celui qui pousse à s’améliorer soi-même, unit et transcende les chemins du christianisme et du bouddhisme. Le reste n’est peut-être que mots.