Verdi est en prison à Looz-les-Lille. Un médecin vient lui dévoiler le mystère de sa naissance ; il n’a en effet connu que sa mère, dont il garde le souvenir éprouvant d’une démente séduisante tournoyant sur la musique de Ravel. De là, Jean-Claude Pirotte (récompensé par le prix Alexandre Vialatte en 1996 pour Un Voyage en automne) nous entraîne dans un inextricable jeu de pistes, suggérant tout sans rien révéler, semant d’indices ses phrases magnifiques. A la première lecture de ce très court récit, d’ailleurs, c’est plus à ce style remarquable qu’à l’intrigue que l’on fait attention. Et si l’on comprend alors qu’il est question d’inceste, de personnalités multiples, d’une schizophrénie troublante et d’activités illicites, ce n’est qu’à la relecture qu’on prend peu à peu conscience des liens qui se trament entre ces aspects du texte et de leur sens. Dialogues avec soi-même, jeux de miroirs, réalité née de la fiction, conscience dédoublée comme alibi de l’inexcusable, Boléro explore et referme aussitôt toutes les voies de l’irréel, de la maladie, du multiple, nous laisse perplexe et fasciné. Jean-Claude Pirotte est un grand écrivain.
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