Gilles Verlant se souvient. Il se remémore ses années rock, n’a pas oublié ses émois à l’écoute des premiers disques achetés (Beatles, Stones, Bowie et groupes hardos reviennent le plus souvent). Sur le mode « pérecien » -référence au livre de Georges Pérec-, les historiettes s’enchaînent sans cohérence apparente, si ce n’est le plaisir qu’a pris, apparemment, son auteur à les écrire, rapidement, livrées tels des instantanés photographiques. A force, la démarche semblera hasardeuse, faible, sans piquant. Et vite lassante. Car coupée d’une certaine contemporanéité. On est plus proche du plaisir onaniste, exercice toujours un peu vain, que d’une réelle confrontation de l’histoire de cette musique. C’est regrettable, car ce n’était pas l’ambition de l’auteur.
Il y a bien ici et là quelques croquis « nerveux » (« Je me souviens que l’invention du compact-disc et la disparition des albums vinyle est la plus belle enculade de ces quinze dernières années. Cent balles de plus pour un truc qui n’a aucune magie tactile ni visuelle. Juste du son et un boîtier froid en plastoc. Je deviens un vieux con ou quoi ? »). Hormis l’inexactitude de la première partie de la proposition (il existe toujours des vinyles, et même de plus en plus, notamment en raison de la « culture DJ »), nous nous refusons à discuter la dernière phrase -bien que nous en ayons une petite idée. Ce travail de mémoire tourne donc vite en rond. Si le cœur vous en dit, lisez-le à la vitesse souhaitée : trente-trois petits tours, et puis s’en vont… Car qui se souviendra de Je me souviens du rock ? (Il n’est pas impossible que l’équipe de Nulle part ailleurs se prenne de passion pour cette plaquette, et lui assure une promotion sans rapport avec la pauvreté de son contenu. Ne les croyez jamais !).